MANOWAR – Kings of Metal (1988)
Quand un groupe de Heavy intitule son album « Kings of Metal », on se dit que soit ces mecs ont un putain d’ego surdimensionné, soit ce sont effectivement les meilleurs.L’un n’empêche pas l’autre. C’est le principal enseignement de ce 6ème album de nos amis ricains bodybuildés aux couilles grosses comme des boules de pétanque.
« Kings of Metal » tente bien de cacher derrière un simili concept album autour de la royauté sa prétention. Une thématique qu’on pouvait retrouver de façon assez éparse sur les précédents albums. Il n’empêche que quand on hurle : « Other bands play Manowar kill », il est difficile de remettre en perspective la modestie du groupe. Faut quand même être du genre à se branler devant un miroir pour écrire un refrain pareil.
Plus qu’une séance masturbatoire « Heavy Metalesque », « Kings of Metal » marque un tournant chez MANOWAR. Il est l’album à partir duquel le groupe prendra une autre envergure. MANOWAR devient alors un concept déposé avec ses « codes », ses traditions, son savoir-faire revendiqué avec tout le saint frusquin.
Après un enchaînement d’albums dingues (« Hail – Sign – Fighting »), il était difficile de savoir ce que nous réservait le groupe. La réponse : un pot pourri des précédents. On retrouve à peu près toutes les caractéristiques du groupe dans les chansons qui composent l’album : l’agressivité inhérente au groupe (« Wheels of Fire »), son coté sanguinaire (« Hail & Kill »), ses fameuses séquences émotions « main sur le coeur » (Kingdom Come) ou encore le MANOWAR épique et vibrant (« Blood of the Kings ») comme on l’aime.
Fin d’un groupe « fun » et de ses résidus Rock, « Kings of Metal » est un album 100 % Heavy Metal qui ne rigole plus. La démarche est donc ambivalente : l’album synthétise le passé et montre la « voie » pour le futur. Ce revirement se fait en 6 morceaux, et seulement 6. Car il faut bien se l’avouer, cet album c’est une poignée de titres qui tuent et le reste qu’on zappe. Les quelques dispensables nous laissent présager que déjà MANOWAR a tendance à délayer son talent (le bonus track assez bidon « Pleasure Slave », une instru inutile, une intro gonflante et un titre moyen « The Crown and the Ring » avec ses choeurs chiants).
Un album finalement perfectible, assez surestimé. On est assez loin du meilleur niveau du groupe, mais c’est finalement un bon résumé de ce que sait faire le groupe et une forme d’aboutissement. Un album finalement à conseiller en priorité à tous ceux qui souhaitent découvrir le groupe : puissant, bien produit et contrebalançant de façon équilibré les forces et faiblesses propres à MANOWAR.
Attention, le groupe n’a pas perdu la main pour autant. Sa capacité à créer des hymnes fédérateurs, à décoller le papier peint avec un riff bête comme chou reste intacte. Et toujours ce pouvoir émotionnel qui donne une autre dimension à leur musique.
A tous ceux qui pensent que MANOWAR, c’est rien qu’un groupe de tatas : allez écouter « Hail & Kill ». Il y a assez de haine là-dedans pour renvoyer n’importe quel groupe de Grind à la niche.
A tous ceux qui pensent que MANOWAR, c’est rien qu’un groupe de bourrins : allez écouter « Heart of Steel ». Si votre gorge ne se noue pas, le Heavy à la MANOWAR n’est pas fait pour vous.
A tous ceux qui pensent que MANOWAR, c’est rien qu’un groupe plat à un riff bidon : allez écouter « Blood of the Kings ». Pour comprendre ce que le mot « épique » signifie réellement.
Note : 4/5
Focus Canardien : Kingdom Come.
C’est le morceau qui m’a le plus marqué dès la première écoute. Ce mélange d’émotions et de puissance Heavy Metal est à mon sens irrésistible. Un des atouts premiers de MANOWAR. Le genre de morceau qui dégage une force insoupçonnable. Ca commence avec un riff d’intro léger et quelques choeurs, une petite réverbération puis la batterie se pose. Le morceau démarre alors et c’est majestueux. Eric ADAMS permet au titre de s’envoler dès le deuxième couplet (« Your kingdom will come »). Il donne à chaque phase un peu plus de conviction et finit sur un chant aigu transperçant. La recette est simple, dépouillée, maintes fois entendues chez MANOWAR mais ça fonctionne. Encore. Les guitares deviennent menaçantes sur la fin du morceau, le solo épique prépare le terrain pour qu’ADAMS envoie la purée. La dernière minute suinte d’émotions. De simples « wooooo ooooo wwoooooo » et plus personne ne rigole. MANOWAR est encore sur la corde raide, passant avec brio du ridicule au grandiose. Du grotesque au bonheur.
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