Je réécoute pas mal les vieux albums en ce moment, histoire de m'aider à oublier la dernière daube. J'aurais 2-3 choses à dire sur chaque album. Voyons si la théorie des 4-5 albums se vérifie.
Wayward Sons of Mother Earth
Pas génial, mais j'aime bien. Skyclad n'a pas encore trouvé son style, et joue un thrash metal assez rugueux avec des touches folk encore assez timides. Seul le bon
The Widdershins Jig évoque (en plus rugueux tout de même) le folk metal que le groupe jouera à l'avenir. Martin Walkyer ne chante pas, et mélodiquement tout ça est assez fruste. Skyclad enquille les riffs et compose davantage des pièces musicales assez complexes que des chansons. Maintenant, on a quelque chose d'assez original (du thrash avec violon et synthé, ça devait pas courir les rues en 1990), l'ensemble est énergique, ça riffe dur (
Trance Dance, Cradle Will Fall...), les ambiances sont prenantes (
Terminus, Moongleam and Meadowsweet...), les solos sympathiques. Difficile de retenir grand chose à la fin de l'album, mais l'écoute n'en est pas moins plaisante, et on a sa dose de bons riffs efficaces.
2.5/5
A Burnt Offering for a Bone Idol
Pas de grande révolution sur cet album. L'ensemble est un peu plus contrôlé, un peu moins speed, et le violon commence à se tailler une place plus importante. Sinon, c'est à peu près la même tambouille que le précédent, on a toujours notre dose de thrash sauvage, de bons riffs (
A Broken Promised Land, R'vannath...), d'ambiances (
AIDS...), de bons solos mélodiques.
2.5/5
Jonah's Ark
L'album charnière. Changement de style et de look pour le premier "vrai" album de Skyclad. Fini le thrash metal avec quelques touches folk, place au heavy folk. Ralentissement considérable des tempos, simplification des structures, Skyclad va désormais droit à l'essentiel et nous propose une série de titres courts, concis et extrèmement variés. Comment comparer des titres comme
Thinking Allowed (heavy, hargneux, intro et break folks avec violon et mandoline),
Cry of the Land (superbe ballade folk, dominée par le violon, alternant couplets mélancoliques et refrains plus hargneux),
Schadenfreude (alternant couplets agressifs et refrains plus éthérés, appuyés par une voix féminine), A Near Life Experience (étrange et expérimental),
Earth Mother machin (folk, enjoué et tubesque),
A Word to the Wise (ultra-heavy, pesant, limite doom et tout en ambiance), et
It Wasn't Meant to End this Way (ballade pleine de mélancolie)? L'album lance plein de pistes que le groupe développera davantage à l'avenir :
Cry of the Land et
It Wasn't Meant to End this Way évoquent les expérimentations folk de
Oui Avant Garde A Chance et
the Answer Machine, tandis que le heavy folk mélodique de
Earth Mother, the Son and the Furious Host aurait certainement eu sa place sur
Irrational Anthems, et que
A Word to the Wise, ultra-heavy et rampant, annonce quant à lui l'album suivant,
Prince of the Poverty Line.
Jonah's Ark me semble être une sorte de mine d'or folk-metal, dans laquelle Skyclad puisera à loisir pendant la suite de sa carrière.
Le groupe s'applique désormais à composer de vraies chansons, efficaces et mémorisables, et, si Jonah's Ark n'a pas l'aisance mélodique des albums plus récents du groupe, pas mal de titres de l'album possèdent de vraies accroches mélodiques (
Thinking Allowed, Cry of the Land, Schadenfreude, Earth Mother, The Ilk of Human Blindness...). Les mélodies, bien que bien présentes, sont plus "secrètes" que sur les albums récents, qui sont davantage tubesques, et demandent quelques écoutes avant de se faire une place dans le cerveau. Mais on finit par mémoriser la plupart des titres de cet album. L'album contient même le premier "tube" du groupe,
Earth Mother, the Son and the Furious Host. Le problème est que, dans son foisonnement,
Jonah's Ark nous perd parfois en route, la grande variété de styles de l'album fait qu'il est difficile d'accrocher à l'ensemble des chansons. Personnellement,
A Near Life Experience,
The Wickedest Man in the World et
A Word to the Wise, lourds, ambiancés et peu mélodiques, continuent à me résister (
Earth Mother... fait un bien fou après deux titres lourdingues). Pas un sans-faute, donc, mais l'album qui pose les bases de ce que Skyclad sera les 10 prochaines années, doublé d'un foutu bon disque original et inspiré, ce qui en fait un album incoutournable dans la discographie du groupe.
3.5/5
Prince of the Poverty Line
Un album franchement paradoxal, à la fois pas en avant et retour en arrière, que j'ai un mal fou à appréhender, et que je trouve complètement à part dans la discographie du groupe. Pas en avant, car le groupe continue à expérimenter, à proposer des choses nouvelles, et se réinvente même en proposant quelque chose de différent de tout ce qu'il a fait jusque là. Retour en arrière, car le groupe revient à quelque chose de plus metal et moins folk, et surtout, abandonne en partie les acquis mélodiques de
Jonah's Ark. Je me suis référé à la très bonne chronique de notre ami Canard (
http://metal.nightfall.fr/index_4339_-prince-poverty.html), et je suis d'accord avec l'ensemble de sa description de l'album, sauf sur un point précis, et crucial. L'argument de Canard, en gros, est : Skyclad joue un heavy metal moins folk que sur les autres albums, plus classique et moins typé, et par conséquent plus accessible pour le métalleux lambda. Moins folk et plus heavy, c'est vrai, plus accessible, c'est plus discutable. Car certes, cet album est plus heavy, mais il est heavy au sens sabbathien du terme : lourd, pesant, presque doom par moments, parfois étouffant (
Womb of the Worm), pas toujours très mélodique... Alors que
Jonah's Ark était essentiellement composé de "chansons",
Prince est davantage constitué de "morceaux", qui jouent davantage sur l'ambiance que sur l'accroche directe. Cet album est donc certainement très accessible pour le fan de Black Sabbath, de Cathedral ou de My Dying Bride. Par contre, pour le métalleux lambda, ça reste à prouver.
Prince demande un réel investissement de la part de l'auditeur pour être "apprivoisé", peut-être même davantage que
Jonah's Ark.
Pour moi, autant la première moitié de l'album est absolument fabuleuse, autant la suite de l'album a parfois du mal à passer selon mon humeur.
The One Piece Puzzle est surement la plus belle chanson du groupe,
The Truth Famine est également superbe, et l'efficacité de
Civil War Dance,
Cardboard City et de l'excellente
Land of the Rising Slum devraient pouvoir mettre à peu près tout le monde d'accord. Pour le reste (
A Dog in the Manger, Gammadion Seed, Womb of the Worm...), il faut pouvoir accrocher à ce heavy pesant, sombre, tout en ambiances et manquant parfois de réelles accroches et d'aération. Question de goût et de sensibilité, certainement. Question d'humeur et d'état d'esprit, aussi, parfois je suis "dedans" et parfois non. Au final, on a un disque vraiment unique dans la discographie du groupe, réellement intéressant et original, à l'ambiance prenante mais qui n'arrive pas à totalement me convaincre. Ca reste un album marquant, et rien que la présence de l'extraordinaire
The One Piece Puzzle le rend indispensable.
3/5
La suite au prochain numéro.