Pour faire éventuelement découvrir un chanteur que j'aime bien, voila une chtite chro de son dernier album. Ce n'est pas la peine de se concentrer sur ses défauts, mais plutot sur ses qualité. Sur chaque album il y a du bon et du moins bons, mais toujours une poignée de chef d'oeuvres.
---------------------------------------------------------------------------
Dans la foulée de son Want One (de nos jours, une année c’est court), Rufus Wainwright met un terme à son projet avec ce second opus aux couleurs plus féminines. L’influence des années folles est toujours aussi présente, celles de l’Amérique des comédies musicales d’une part, et d’autre part la chanson française ancienne à laquelle il rend directement hommage par deux reprises en bonus (Arletty et Gilles Vigneault, avec juste la pointe d’accent qui en fait le charme). Bien sur, les thèmes sont ici légèrement différents de ceux de Want One, à l’image de sa pochette rosée à la photo travestie. Rufus Wainwright laisse la part belle au beau sexe (The Art Teacher, Little Sister) dans une ambiance plus mystique qu’auparavant (Agnus Dei, Gay Messiah).
Ouverture surprenante, l’Agnus Dei commence par quelques sons grinçants tirés d’un violoncelle, dissonance qui ne rend que plus sensible à la douceur des arrangements qui suivent (je pense à la chanson elle même bien sur, mais surtout à l’ensemble de l’album). Mais si on peu profiter d’un thème orientalisant dans les premiers instants, une fois le chant entré en jeux le morceaux devient rédhibitoire. Et cette intrusion chrétienne contestable dans un album qui ne lui donne aucun sens. Tirant trop sur sa voix, Rufus Wainwright ne parvient qu’a la rendre grinçante sur des notes trop aiguës et trop longues. Il tante ainsi – sans doute – de donner un style différent à son chant, mais cela ne contribue qu’a rendre envahissant un défaut jusque là mineur de ses enregistrements. Heureusement, pour faire suite à l’inutile évocation mystique vient un titre de toute beauté, The One You Love, équivalent ici au 14th Street de Want One. Une chanson légèrement plus rythmée que la moyenne, soutenue par des guitares et servie à merveille par des lignes vocales à la mélodicité maximale. Entré dans la tête en deux temps trois mouvements, c’est un tube en puissance, parfait pour ensoleiller une matinée pluvieuse, et le début de preuve que le song-writer gagnerait à composer plus de mélodie et à chanter plus en rythme. Les meilleures chansons sont ainsi souvent les plus rythmées : Little Sister sur un trépidant arrangement de cordes, Crumb By Crumb orienté sur le chant par des chœurs léger, laissant Rufus chanter, sa voix se prêtant pour le coup à perfection au ton de la chanson.
Mais ces morceaux légers ne constituent pas la plus grande part de Want Two. L’album est pour l’essentiel dépouillé de mélodies pour laisser places à des arrangements d’ambiance et à un chant expressif au possible sur des paroles à la poésie acidulé. L’environnement est le plus souvent occupé par bon nombre d’instruments tissant des harmonies, mais à la façon de la variété ou des comédies musicales, elles ne viennent jamais prendre la place du chanteur. Cela peu s’avéré assez ennuyeux sur un titre comme Peach Tree, aux paroles énoncées sans convictions, mais crée un bel ouvrage quand textes et chant sont de qualité, comme sur le future classique Gay Messiah (better pray for yourself, voilà une évocation religieuse finement placée, au moins !). Quand il se montre si inspiré, Rufus Wainwright pourrait entrer dans la lignée d’un Elton John, ou plus récemment d’un Jeff Buckley. Ainsi est faite The Art Teacher, chanson accompagnée au piano où le chant sur la corde raide (proche, comme souvent, de se briser sur des notes trop grinçantes pour lui) évoque un amour adolescent(e). A l’opposé, Memphis Skyline endort. Involontairement. Et toujours à l’opposé, Old Whore’s Diet agace. Profondément. Trop lourd pour décollé, trop long pour être supporté, trop vide pour être commenté.
Voilà toute la dualité du disque, certainement attachant dans sa douce torpeur et la chaleur humaine qu’il délivre, mais parfois lassant quand les quelques morceaux indispensables (The One You Love encore une fois, à connaître) laissent place à des ratages complets. Et entre les deux il y a la moyenne, agréable mais moins mémorable, comme toujours chez Rufus Wainwrigth. L’album s’en trouve peut être un peu moins bon que son prédécesseur plus maîtrisé, mais l’ensemble du projet Want y gagne sans doute en cohérence, essayant – et réussissant parfois, il faut le reconnaître – de donner corps à un certain romantisme post-moderne, c’est à dire conscient que tout romantisme est futile et passéiste (et qui est conscient de son passéisme ne peut être que moderniste).
---------------------------------------------------------------------------
Mes coups de choeurs sur le projet Want (1&2):
-Oh What a World
-Little Sister
-I Don't Know What It Is
-The One You Love
-Vibrate
-Beautyful Child
-The Gay Messiah
-The Art Teacher
-14th Street
Voila une compile de la durée idéale d'un album (dans les 40 minutes) du bon, que du bon, et seulement du bon. Les deux grands classiques composés par Mr Wainwright Jr, quelques morceaux assez piqués, quelques réussites niveau textes, etc... Et pour aider j'ai mis les deux meilleurs en téléchargement.