Un de mes groupes chouchoux poux hiboux cailloux genoux dans le domaine du Heavy Allemand qui tabasse, des p'tits artisans qui traçent leur route sans débander. Un son à eux, une patte clairement identifiable. GRAVE DIGGER, satu.
HEAVY METAL BREAKDOWN (1984)
A ses débuts, GD était considéré comme un groupe "extrême" (je sais, ça a l'air dingue). Faut dire qu'ici, on est putain de loin du Heavy de bûcheron avec un peu de finesse dedans pour lequel le groupe est connu aujourd'hui.
On est plutôt dans une veine ACCEPT/PRIEST en plus crade et plus speed, assez proche de ce que faisait RAGE sur ses premiers albums. C'est clairement Thrash par moments (
Heart Attack et
Tyrant sont 2 boucheries). La prod' est immonde, les riffs et solos sont ultra-simplistes. Idem pour les refrains, souvent monophrases (
Heavy Metal Breakdown) et Bolthendal gueule comme un porc (il a déjà sa voix d'ours caractéristique).
Il y a quand même un poil de subtilité sur
Yesterday (et son bôôôô clavier) et
Legion of the Lost, qui démarre soft pour finir à toute berzingue.
On trouve aussi une reprise thrash de
2000 Lightyears from Home des STONES. Sympa, sans plus.
Un album de plus parmi tous les albums de Metal Allemand poilu qui sortaient à l'époque. Quelques bonnes idées et 3-4 bons refrains suffisent pas à en faire un indispensable.
Mais bon, parait que c'est devenu culte chez eux. Bizarres, ces Allemands.
WITCH HUNTER (1985) (bon, j'ai pas trouvé la pochette, alors à la place, j'ai mis un beau dessin de Mickey)
C'est tout pareil que le premier album. La seule différence, c'est les solos, ça a progressé de ce côté-là. Sinon, RAS à la caserne.
On trouve quand même 2 très bons titres : une reprise speedée de
School's Out (ALICE COOPER) et
Here I Stand, tout droit sorti d'un album d'ACCEPT.
Le reste oscille entre le chiant (la ballade
Love is a Game pue) et l'écoutable (
Night Drifter et son bon refrain).
Pas très passionnant.
WAR GAMES (1986)
Niveau style, ça bouge pas d'un poil de cul : toujours du Speed/Thrash un poil mélodique. Mais il y a une putain de différence : ils sont inspirés, les gars. Et surtout, ils se sortent enfin les doigts pour rendre leur musique prenante plutôt que de constamment avoiner.
Il y a clairement eu un effort de fait sur les refrains, tous plus ou moins accrocheurs (mention spéciale à
Let your Head Roll, digne d'ACCEPT) et à la mélodie (la ballade est sublime, cette fois-ci).
La vraie nouveauté réside dans la trilogie
Paradise/Drop the Bomb/Fallout ( mini-saga sur la bombe atomique). 3 tueries speed qui tabassent avec de gros refrains. Pas mal. On est loin de la trilogie médiévale, mais c'est un premier pas.
Si vous voulez découvrir le GD 80's, c'est celui-là qu'il vous faut. Ca s'écoute tranquillou du début à la fin.
STRONGER THAN EVER (1987)
Changement de nom : ils s'appellent DIGGER. Changement de style : ils font de la merde. Du Hard FM à la con, des
love songs qui collent aux dents, un Chris aux fraises vocalement. Le seul point positif de tout ça reste l'arrivée de Uwe Lulis à la gratte.
CDLM. A oublier. D'ailleurs, l'album se vendra pas et précipitera le split du groupe. Bien fait pour leurs gueules.
THE REAPER (1993)
Ils reviennent. Et is ont compris la leçon. Terminé le Hard, retour au Speed.
Pour faire court, c'est la suite logique des albums 80's, avec un meilleur son, et quelques titres un peu plus originaux.
Le problème, c'est que l'album est putain d'inégal. Les titres rapides se suivent et se ressemblent. Du coup, on se fait un peu chier, malgré quelques fulgurances sur les refrains (
Ruler Mr H).
Pour le reste, on retiendra
The Devil Plays Piano, assez original avec son break Blues, et
Shadow on a Moonless Night, qui évoque JUDAS (
The Sentinel, surtout).
L'album marque surtout bicoze GD revient au Metal qui avoine. Faut pas se voiler la face : c'est linéaire et pas hyper bandant.
Un round d'échauffement, en quelque sorte.
HEART OF DARKNESS (1995)
L'acte 1 de l'âge d'or du groupe. Les 4 albums sortis entre 95 et 99 sont de loin le sommet artistique de GD.
Pourquoi il est bon, celui-là ? Parce qu'on sent que les gars se sont vraiment sortis les doigts pour rendre leur musique plus intéréssante et moins basique.
Moins primaire qu'avant (il n'y a que
Shadowmaker, Hate et
Warchild qui bourrent vraiment), le groupe met l'accent sur la variété des tempos et des atmosphères (le mastodonte de 12 minutes
Heart of Darkness, sombre et rageur, ou encore
Circle of Witches). Les refrains sont chiadés (
Demon's Day) et Lulis nous sert ses meilleurs solos (
Circles of Witches et
Demon's Day, tout droits sortis des pognes de Jeff Waters). Le chant de Chris est également bien plus nuançé qu'avant, et le bougre s'en sort à merveille en "chant clair".
Résultat, on a pas l'impression de bouffer constamment la même chose, et ça fait du bien.
GD semble avoir avoir trouvé son style : un Heavy à la fois brut et raffiné, avec ce mur de grattes caractéristique, ces riffs mixant le Heavy et le Thrash, ces choeurs emphatiques...
Et le groupe ne compte pas en rester là.
TUNES OF WAR (1996) - KNIGHTS OF THE CROSS (1998) - EXCALIBUR (1999)
Je les fous ensemble. Concept oblige.
Je rappelle que j'avais déjà parlé d'
Excalibur ici :
http://www.heavenandhell-fr.com/viewtopic.php?t=5161&highlight=heavy&sid=96614f28d9668e0058359cf9d37f695f
La fameuse trilogie médiévale. Taillés dans le même moule, tous les 3. Mais il y a quand même quelques éléments qui les différencient (même s'ils reprennent tous les éléments qui ont fait le succès de
Heart of Darkness, à savoir la mise en avant mélodies et une certaine variété).
Tunes of War est le plus cru. On y trouve quelques restes de leur passé Thrash (
William Wallace), les choeurs et autres fioritures diverses sont au même niveau que sur l'album précédent.
Knights of the Cross est le plus "raffiné". C'est le moins rapide des 3 et les choeurs y sont autant en avant que chez un groupe comme BLIND GUARDIAN.
Excalibur est la synthèse des 2 autres. A la fois bien agressif et très chiadé niveau arrangements.
Au menu des 3 : riffs de bûcheron typiques de Lulis, refrains travaillés et fédérateurs, arrangements soignés (cornemuse, orgue, flûte). Une sorte de ruguosité délicate.
Terrible.
2000 : Uwe Lulis se fait virer. Ca devait arriver. Lui et Chris ont un putain d'ego et pensaient chacun être le patron du groupe. Mais il se laisse pas démonter et ira fonder REBELLION, en emmenant avec lui Tomi, le bassiste de GD.
Chris recrute Manni Schmidt (ex-RAGE).
THE GRAVE DIGGER (2001)
L'album de la rupture. Fuck la trilogie médiévale, et Fuck Uwe Lulis par la même occasion. Retour à un heavy plus dépouillé et plus sombre. Ils semblent décidé à nous refaire le coup de
Heart of Darkness. Niveau résultat, c'est à peu près ça, d'ailleurs, la rapidité en moins.
Et oui, le GD 2000's a clairement levé le pied niveau tempo. Ca bourre encore de temps en temps (
King Pest, Spirits of the Dead), mais le groupe met plutôt l'accent sur la lourdeur et les ambiances sombres (
Funeral Procession, Haunted Palace).
Logiquement, pas de refrains chantants beuglés par 800 choristes ici. C'est beaucoup plus dépouillé même si on reconnait encore la patte du groupe (
Raven, Son of Evil).
Là où on attendait le groupe au tournant, c'est au niveau de la gratte. Le changement de gratteux fusille les oreilles. Terminé les riffs tougoudougoudou et les solos minimalistes d'Uwe. Manni a un jeu un poil plus fin, ses riffs sont moins rapides et ses solos plus intéréssants.
Y a pas mal de changements, donc. Mais ça passe. GD atteint son but, reste cohérent dans sa démarche sans y sacrifier son identité. C'est pas aussi flamboyant que la trilogie, mais on n'y perd pas forcément au change. Et GD prouve qu'il est capable de se renouveller.
RHEINGOLD (2003)
Ah les salauds. J'avais bien aimé
The Grave Digger, son Heavy plombé aux sonorités
ivôle. Et là, GD me la met profond.
Il se fait pas chier, Bolthendal : et vas-y que je t'enfume avec de grandes déclarations du genre "
On a évolué. Le Heavy épique à gros choeurs, on en a fait le tour", tout ça pour affirmer le contraire à la sortie de
Rheingold. CONNARD.
Ce disque n'est qu'une resuçée de la trilogie, et plus précisément de
Knights of the Cross. On retouve les mêmes ingrédients : intro symphonique, titres speed, ajout de claviers et de guitares acoustique, refrains chantants surchargés en choeurs. Même les putains de riffs de Manni sonnent comme ceux de Lulis. Lamentable.
Bon, je vais être honnête : c'est pas dégueu à écouter, mais le contexte rend ce machin imbuvable.
Et à ceux qui me diront : "
On s'en branle de l'attitude des zicos, y a que la zique qui compte", je répondrai que non, on s'en fout pas.
THE LAST SUPPER (2005)
Je flippais sévère à sa sortie. Satan merci, on échappe à une autre repompe de
Knights of the Cross.
C'est plutôt à
The Grave Digger qu'on pense, même si les ambiances sont moins sombres. On retrouve les tempos plus lents et les riffs plus softs.
Manni a arrêté de suçer Lulis. Ses riffs sont assez surprenants de simplicité et on a droit à des plans typiquement 80's, voire carrément Rock (sur
Soul Savior et
The Night Before, on croirait entendre Zakk Wylde).
C'est donc moins agressif que d'habitude. En ça, ils évoluent et c'est bien.
Mais le résultat suit pas : c'est mou, les refrains décollent pas, on repère du pompage au kilomètre (METALLICA sur
Grave in No Man's Land, ACCEPT sur
Jeepers Creepers,...) et pas mal de redites.
Du Heavy-Rock chiant. Autant écouter MOTORHEAD.
LIBERTY OR DEATH (2007)
Quand j'ai lu les premières infos sur ce disque, j'ai voulu y croire : un album-synthèse de toute leur carrière. Sépafo, mais le résultat est pas du tout à la hauteur.
L'aspect sympho ? Y en a... sur 4 titres seulement. Ca fait son petit effet parfois (
Liberty or Death est ENORME, avec son intro orchestrale et sa conclusion au piano), mais c'est souvent de la poudre aux yeux plus qu'autre chose (cette putain de cornemuse qui râbâche la même mélodie sur
Highland Tears, c'est à se pendre...)
On retrouve aussi l'atmosphère lourde de l'album de 2001, mais bon... l'ambiance, ça fait pas tout. Et vu que pas mal de refrains tombent à plat (
Shadowland)...
Quelques titres sont dans la veine de
Last Supper. Donc, du Heavy-Rock raté (
Silent Revolution, The Terrible One).
Les tentatives de refaire du Heavy qui arrache passent moyennement, même si
March of the Innocent et
Forecourt to Hell ont de bons riffs et un semblant de refrain. Quant à l'unique titre vraiment speed (
Ocean of Blood), c'est rien d'autre qu'une repompe à la con d'
Excalibur.
Album ambitieux, mais raté.
Il y a de quoi flipper sévère pour la suite. Si le retour de Lulis est confirmé, j'espère que ça va leur botter le cul un minimum.
Je commence à me demander si vous êtes pas complètement rinçés, les mecs. Z'avez plus que 3 albums avant de raccrocher les gants. Putain, faites-moi mentir !