t.A.T.u - Dangerous and moving
J'en entends déjà qui rigolent sous cape. Se demandant ce que je fous à vous parler de cette connerie. Je vais vous expliquer.
Déjà, pour ceux qui n'auraient pas suivi le feuilleton il y a deux ans : Yulia et Lena sont des lesbiennes. Enfin ça, c'est ce que le manager malin voulait nous faire croire à grands renforts de press-photos faisant plus qu'effleurer les clichés les plus agressifs semblant tout droit sortis d'un quelconque lesbianlolitas.com.
Dit comme ça, vous penserez, on dirait surtout un putain de produit habilement marketé glissant joyeusement sur le terrain d'une provocation bon teint histoire de faire parler du lui. Vous aurez raison.
Seulement, coup de théatre, les deux jeunes femmes se sont séparées dudit manager et ont révélé la vérité – que tout le mondre connaissait de toute façon – au grand jour. Supercherie ! Olala quelle surprise. Et les voilà donc qui reviennent avec ce deuxième album. Alors bon, une fois les phantasmes évaporés, franchement, c'est pas un peu mort ?
Personnellement, je ne connaissais du duo que les singles du premier album, All the things she said et Not gonna get us. Je n'y ai jamais plus prêté attention que cela : je refusais de me faire prendre dans l'engrenage du marketing triomphant.
Et puis l'autre jour, en zappant je tompe sur le clip de All about us sur VIVA. Et là merde. Jolis couplets – deux phrases de huit-dix mots chacun, tout en montée vocale tétanisante – refrain gros comme un boeing. Ca me plait. Je me dis, télécharge l'album, tu vas trouver ça à chier, et tu seras tranquille.
Résultat, je suis bien embêté.
Embêté, car il y a là tout pour être écoeuré et jeter son PC par la fenêtre. Un putain de beat (dans le meilleur des cas une batterie électronique au son plus « naturel » intervient ) et des effets de synthé typés eurodance (certains trucs nous ramènent au quart d'heure de gloire de heu... 2Unlimited), des voix de musaraignes sous amphet' poussées dans les aiguës assez souvent. Le tout agrémenté de quelques interventions de grosses guitares metal-pour-ma-petite-cousine-de-quatre-ans et enrobé dans une (sur-)production qui ferait passer Britney Spears pour Brassens (fans de tr00 black, passez votre chemin). Ouais je sais, ça fait peur. Tout cela est esthétiquement, une sorte d'apogée apocalyptique kitschissime. Mais.
Mais il y LE truc : des mélodies vocales popément parfaites et très intenses. Que du tube. Et finalement, tout fait sens. On aime ce beat. On aime ces voix – celle de Lena, la plus aiguë, la plus mélodique, la plus juste et celle de Yulia qui force et peine dans les notes les plus hautes mais qui nous gratifie de quelques légers éraillements, pensez à Greg Graffin (Bad Religion) au féminin – toutes proportions gardées. Les guitares impressionent. On ne fait plus attention au son.
Sur le papier, cela a tout pour être odieux, mais ça marche tout de même. C'est incompréhensible, mais on se met même à trouver du charme à ces paroles simplistes, qui sont autant de cris du coeur sincères et, oui, poignants.
Alors, non, tout n'est pas du même niveau que le single, mais finalement il n'y a pas non plus de déchet (l'album dépasse à peine quarante minutes, et c'est tant mieux). Et quand arrive la triplette non pas de Belleville mais de Moscou, Sacrifice, We shout (paradoxalement et judicieusement calme) et Perfect enemy, on se dit que, quand même, peu d'album pop nous ont récemment offert de telles mélodies.
Et je ne vous parle pas de la putain de ballade : Gomenasai (je suis désolée en japonais. Non, je parle pas jap, j'ai cherché sur Google) collant méchamment aux dents, mais dont le refrain gnian gnian (Gomen nasai/For everything/Gomen nasai/I know I let you down/Gomen nasai till the end/I never needed a friend/Like I do now) touche en pleine cible cardiaque ; la ballade disais-je, est le sommet de l'album.
Les autres compos sont donc un peu en dessous, mais il y a néanmoins largement de quoi prendre son pied.
En fin de compte, on se fout royalement que ces filles soient lesbiennes ou pas. On s'éclate et on brûle ses CD de Neil Young sur l'autel de la promotion et de la publicité reines.
Il sera bien entendu, très aisé de ressentir un violent rejet à l'écoute de ce truc, voire même de haïr ces chansons, les mépriser comme toute machine à passages radios superbement huilée. Mais il semblerait qu'il y ait une âme dans la machine. Et finalement, c'est ce qui fait toute la différence.
Pour ma part, après avoir écouté le disque une bonne douzaine de fois (au bas mot) en 72 heures, 8 heures faciles au total donc – pour la petite histoire, ma copine (ex-fan de Mariah Carey, pour situer hein, quand même) a fait une overdose et abdiqué avant moi – j'ai acheté l'album.
Je ne vous cache pas que cette monstruosité va se hisser dans la première moitié de mon top 10 de l'année.
Bon, il reste bien sûr à avoir comment cela passera l'épreuve d'autres écoutes, plus espacées dans le temps. Peut-être que dans deux mois, l'insupportableté de ce bancal blockbuster musical ne me fera plus aucun effet ; je modifierai mon top en conséquence. Mais pour l'instant, tout cela me met une banane – non, pas dans le pantalon – du tonnerre.
C'est la honte. Mais comme le dit la pub, c'est putain de bon. La honte.
Note : 15/20
P.S. : si vous faites des recherches sur Tatu sur le web, vous remarquerez bien vite que les rumeurs sur ces deux filles choucardes comme tout ne se sont pas arrêté avec leur aveu. Les versions anglaise et française de Wikipedia se contredisent d'ailleurs, l'une affirmant qu'elles ont signé pour quatre albums et l'autre qu'elles ont annoncé que Dangerous and moving est leur dernier.
De toutes façons, Lena et Yulia racontent quasiment tout et son contraire dans leurs interviews, donc c'est pas grave.
P.P.S. : Sting joue de la basse sur Friend or foe. On s'en fout, d'autant plus qu'on ne le reconnaît pas et qu'il n'apporte rien. Mais je suis très people.
P.P.P.S. : Je suis bien conscient de m'humilier par rebonds avec ce post. Franchement, si je ne suis pas la risée de tout le forum, je ne vous comprends pas les gars.