Marrant que personne n'est parlé de film encore. Je pensais arriver après la bataille. Il est sorti en janvier et je viens de le voir ce week-end (certaines salles le passent encore).

Vite fait le pitch : en Allemagne de l'est au début des années 80, un auteur de théatre et son actrice de petite amie sont chéris par le Parti. Sauf que les dirigeants et la Stasi les trouvent peut être trop propres sur eux. Un mec balèze de cette agence va donc les espionner...

Le cinéma allemand est en belle forme depuis quelques temps et règle ses comptes avec son histoire. Je pense en particulier à Goodbye Lenin ou la Chute. Dans un autre genre L'Expérience était un très bon film aussi.

Celui-ci, réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck, est une réussite aussi. Comment le Parti a pris le contrôle sur la vie des gens. Comment ce même Parti en pleine décadence (on est au début des années 80), au bord de la mort parvient encore à inspirer autant de crainte. Les idéaux ont été détournés depuis longtemps. Les 2 protagonistes hauts placés (le ministre de la culture et un des pontes de la Stasi -l'excellent Ulrich Tukur vu dans Amen) ont depuis longtemps bradé l'idéal communiste au profit de leur propre intérêt.

Comment chaques personnages se positionnent par rapport à cette situation. Opposition, utilisation du système à ses propres fins... Il y a de quoi faire et chacun va prendre un chemin différent.

Le seul défaut que j'arrive à trouver à ce film finalement c'est -et sans vouloir spoiler de trop- comment un mec entrainé depuis 40 ans par des experts de la Stasi, idéologiquement très marqué, arrive à s'interroger de la sorte aussi rapidement.

Pour le reste l'équilibre entre suspense, description historique, romance est est trouvé. On ne penche jamais dans le mélo, tout est sobre, même la fin qui aurait pu être bien mielleuse. Mais non c'est fait avec tact. Pas de paroles en l'air (félicitations à Ulrich Mühe, l'agent secret qui nous sort une prestation tout en sobriété).

En ces temps de vaches maigres, je ne peux que vous recommander ce film, non pas par défaut, mais parce que c'est réellement un bon film tout simplement (hormis le seul gros défaut souligné ci-dessus).

Vu aussi, début avril.
J'ai longtemps hésité à aller le voir (le sujet sentait un peu trop le drame sentimental et c'est pas trop mon style à la base) mais vu les critiques unanimes et sa longévité dans les salles (il est sorti le 31 Janvier 2007 !!!), j'ai sauté le pas. J'avais bien aimé 'La Chute'.

Très bon film en effet, tout en retenu, typiquement allemand (ce n'est pas une critique).
Spoilers :
Le 'défaut' que tu évoques est le coeur du film car en fin de compte on ne sait pas vraiment quand il commence à 'basculer'. Je crois me souvenir d'une scène où il écoute le couple alors que la femme chante ou le mec joue au piano, je ne sais plus. C'est tellement beau qu'il finit en larmes mais il reste droit, fermé et sans expression gestuelle de son émotion. Il a été élevé et formé comme ça, pour ne montrer aucun sentiment, mais à ce moment il les ressent comme jamais, à travers cette musique qu'il adore.
C'est à partir de cette scène je pense que ces sentiments vont guider finalement ses actes. Mais jusqu'à la fin, il ne montrera rien aux autres et gardera au fond de lui son secret et ses sentiments, chose que comprendra l'écrivain en n'allant pas le voir et en lui rendant un hommage 'discret' par livre interposé.

Cacher ses sentiments, par peur ou par endoctrinement, jusqu'à ne plus pouvoir les exprimer, c'est je pense ce qu'ont du vivre beaucoup d'habitants de l'est...

La scène que tu décris est peut-être la plus marquante. Tu sens que le mec bascule clairement. Il fait toujours son malin mais il a basculé. Et je trouve ça brutal. Il met 40 ans de sa vie au panier ou presque.

Je nuancerais quand même en disant que le moment à partir duquel il s'interroge c'est lorsqu'il est au théatre. Il est dans le mode espion mais tu le sens touché par la pièce. La scène est d'ailleurs particulièrement bien filmée.

Je ne me souvenais plus exactement de la scène du théatre, il me semblait qu'il regardait plus l'écrivain que la femme à ce moment là, mais effectivement tout a du commencer là.
Sa scène d'interrogatoire avec la femme est intéressante aussi, je ne sais pas exactement à quel moment elle le reconnait (si elle le reconnait). Elle l'a vu de près dans le bar et il masque son visage le plus longtemps possible, et rien ne transparait d'elle après, il me semble. La raison au fait qu'elle parle devient du coup très ambigue.

Vu aussi en avril, limite j'y ai été trainé (" tu viens on va voir un film en allemand sous-titré?") mais ça m'a vraiment bien plu.

Une belle histoire.

Il me semble que Canard en avait parlé à une époque.... non?

Après recherche, il semblerait que non.

effectivement j'ai confondu avec "l'homme de sa vie"!

Faut pas confondre avec le goût des autres non plus.

Le 'goût des autres', c'est pas un bouquin d'Hannibal Lecter ?