Le pianiste Johnnie Johnson est mort mercredi 13 avril à son domicile de Saint Louis (Missouri). Il était âgé de 80 ans.

Son nom restera à jamais associé à l'un des plus illustres classiques du rock'n'roll, Johnnie B. Goode. S'il est admiré par ses pairs comme un des pionniers de cette musique, il sera toujours resté dans l'ombre du chanteur et guitariste Chuck Berry avec lequel il aura noué un partenariat où la rancoeur tient une place aussi importante que l'amitié.


Johnnie Johnson accéda toutefois à la reconnaissance le 19 mars 2001, lorsque son nom apparut dans la promotion du Rock'n'Roll Hall of Fame, le panthéon de Cleveland (Ohio).

A cette époque, le musicien poursuivait Berry en justice en l'accusant de ne l'avoir jamais crédité de sa participation à une cinquantaine de chansons. Et pas les moindres : Roll Over Beethoven, No Particular Place to Go, Sweet Little Sixteen, Rock'n'Roll Music ­ mais pas Johnnie B. Goode, écrite à 100 % par Berry en l'honneur de son partenaire. Un juge classera l'affaire en estimant que cette plainte est intervenue trop tardivement.

Né le 8 juillet 1924 à Fairmont (Virginie occidentale), autodidacte, Johnnie Johnson s'était formé dans divers orchestres de jazz, de boogie-woogie et de blues sur la scène de Chicago. A Saint Louis, il mène un trio de rhythm'n'blues, le Sir John Trio. Le jour de l'an 1952, il demande à un jeune guitariste de remplacer son saxophoniste défaillant. Berry en profite pour lui ravir sa place de leader.

Dès Maybellene (1955), les deux hommes inventent la grammaire du rock moderne. Aux riffs sautillants de Berry, Johnson mêle un jeu dynamique et agile, tout en délicates ornementations. La contribution de chacun est bien difficile à isoler, les deux ayant leur vérité : exploitation pour Johnson, révisionnisme pour Berry.

Après la séparation du tandem en 1973, le pianiste vit une interminable descente aux enfers due à son alcoolisme. Il est devenu chauffeur de bus quand son admirateur Keith Richards le retrouve pour les besoins du film consacré à Berry, Hail ! Hail ! Rock'n'Roll (1987).

Le guitariste des Rolling Stones lui permet de refaire surface, d'enregistrer sous son nom l'album Blue Hand Johnnie (1987) puis Johnnie B. Bad (1991) et d'accompagner Eric Clapton, Aerosmith ou Buddy Guy.

Johnson s'était finalement réconcilié avec son ancien patron. Chuck Berry a rendu hommage à "l'homme avec de la dynamite dans la main droite" et a annoncé qu'il donnerait un concert à sa mémoire à Saint Louis.