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RAINBOW : Disco commentée
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Auteur:  ZiGGy [ 16 Avr 2007 23:33 ]
Sujet du message:  RAINBOW : Disco commentée

Je commence déjà par m’excuser. C’est imprécis et mal écrit, je suis allé vite, sur un coup de tête… c’est plus une description d’ensemble par petites touches que des chroniques de chaque album. Je vous invite à écrire vous mêmes plutôt que de laisser ces petits commentaires orphelins.

On va faire comme les sociologues et commencer par parler de biais. Le biais, c’est moi. J’ai découvert Rainbow quelque part dans mon enfance. J’ai un souvenir extrêmement précis de ma première écoute attentive de ce groupe, après avoir été sans doute baigné inconsciemment dans sa musique durant mes premières années. La date importante se situe à vue de nez vers 1994. Déjà bien intéressé par la musique, je discute avec mon pere de l’absence de lien que je suppose entre musique populaire et classique, alors que jazz et blues sont bel et bien toujours présents. Ce point de vue me venait sans doute de mes premières écoutes très orientés guitares 70’s où chaque groupe avait au moins un blues dans son répertoire. Pour me contredire – une habitude qu’il n’a pas perdu depuis, mais dont j’ai hérité – mon père me fis donc écouter un morceau où, disait il, était reprise une fugue de Bach. C’était ma première rencontre avec Stargazer, le reste de disque suivant dans les minutes suivantes. Arrivé à ce stade, il faut que je précise une chose : je connaissais alors à peine Led Zeppelin, et le hard rock était pour moi une musique violente et agressive à laquelle jamais je n’aurai voulu me frotter. Mais là, révélation, épiphanie, jamais je n’avais entendu un truc comme ça. La fin de la discution sur la musique classique, j’avoue l’avoir oublié, mais l’impression de puissance et d’infinie variété de la musique m’a subjugué. Mettez vous à ma place, pour moi la musique, c’était des chansons, des chansons c’était trois minutes, éventuellement jouées en boucle et rallongées de soli pendant plus longtemps, mais pas une telle structure ! Ma rencontre avec Rainbow, Richie Blackmore et le hard rock était faite… et Rising était un des premiers albums que j’abordais en tant que tel, pas juste pour un morceau, pas juste en écoutant avec mon père. Je crois qu’à cet instant je suis devenu mélomane.

La semaine suivante, je suis devenu collectionneur de disque : chez emaus, je trouve pour dix francs une pochette fort différente de celle de Rising, mais portant le nom Rainbow. Je me souviens d’avoir hésité, n’étant pas totalement certain de bien me souvenir du patronyme, avant de me résoudre à acheter l’objet. Pour résumé : premier album écouté, Rising, premier album acheté, Straight Between the Eyes. A force de l’écouté, j’ai trouvé tout seul sans qu’on ne me souffle que le solo de Death Alley Driver avait quelque chose de classique. J’étais fier de moi. Dans mes premières années de collège, je me suis procuré l’intégrale du groupe, le tout en vinyle d’occasion, tout en découvrant Deep Purple, Black Sabbath, Led Zep… Tout cela pour dire que Rainbow tient la première place dans ma discothèque, et donc une part de lion dans mon cœur. Ca devrait suffire à dire combien mon avis sur un tel groupe peut être biaisé.

Tout ceci étant dit, passons aux choses sérieuses. Rainbow, de l’anglais « rainbow », qui veut dire à peut près « arc en ciel », est le nom d’un groupe britanico-ricain formé par Richie Blackmore, superstar de la guitare hard rock dans Deep Purple. Vous situez (ça n’est pas une question). Les choses commence vers 1974. Richie Blackmore et son ego surdimensionné ont réussi à se débarrasser de Ian Gillan, chanteur de Deep Purple, mais le contrôle total n’est pas présent pour autant. Avec deux chanteurs dans le MkIII du groupe, on peu même dire que le statu de frontman rêvé par le guitariste à l’œil torve est plus loin que jamais. Et puis il ne compose pas tout ce qu’il veut, ou en tout cas il ne le case pas comme il l’entend. Alors il se console en prévoyant une sorte d’album solo. Les choses ne semblent pas très claire mais une chose est certaine : le groupe Elf fait à l’époque la première partie du groupe en Amérique, et possède un chanteur au timbre exceptionnel nommé Ronnie James Dio. Avec un line-up basé sur ce groupe et centré sur la guitare de Blackmore et la voix de Dio, un album sera enregistré en 75, alors que le guitariste officie toujours dans Deep Purple. Avant la fin de l’année son départ sera officiel et l’album sortira : Richie Blackmore’s Rainbow.

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RICHIE BLACKMORE’S RAINBOW (1975)
Richie Blackmore (guitares), Ronnie James Dio (chant), Mickey Lee Soul (claviers), Craig Gruber (basse), Gary Discoll (battrie)

On avait déjà pu entendre un Blackmore essayer quelques riffs dans ses longs soli en concert avec Deep Purple. Il en ressort un truc canon, plutot rapide, propre à écrire un hymne. C’est Man On the Silver Mountain, qui ouvre l’album et assene la vérité des premiers albums de Rainbow : voix et guitares associées ainsi font un hard rock de haute volée. Le probleme ici est doublement temporel. D’abord le temps qui presse, et les conditions d’enregistrement, qui font que le line-up présent ici ne fait essentiellement que combler les vides sans grande inventivité. Pour la force du son, on repassera, ce premier Rainbow est un peu mou. Second probleme, en 1975, à un age musical où les choses vont encore bien vite, le hard rock est une musique dinausore encore plus que vaillante dans son succés, mais déjà abandonnée par l’inspiration. En attendant de nouveaux venus pour dynamiser le tout, les mastodontes se perdent dans l’isolement : Led Zep comment un double, et Blackmore s’enferme dans son fanatisme musical et son obsession de contrôle. Rien de neuf donc. Rien d’indispensable. Blackmore adore le classique et le baroque, il reprend Greensleeves d’Henry VIII, un des airs les plus fameux d’Angleterre… Et le résultat est tout de même grandiose. Un titre de hard épique comme on en voit encore peu, dans un style narratif qui évoque plus le metal à venir que la branlette passée. Voilà, on l’a trouvé notre mérite de Rainbow ! Composition de Blackmore plus paroles de Dio égale une structure musicale relativement originale. Dans le même genre, on se met la ballade à rallonge Catch the Rainbow dans les esgourdes, et c’est le décollage assuré. Autre classique, autre ballade, Dio fait des merveilles sur Temple of the King. On sent ici que Blackmore parvient à se retenir d’en faire trop, et laisse à son chanteur l’espace pour s’exprimé. C’est l’éclosion d’une des plus grandes voix du metal. Pour le reste, on a surtout droit à des rocks bien envoyés avec guitare purpulienne : If you don’t like rock and roll pour danser, Snake Charmer pour taper du pied, etc…

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RISING (1976)
Richie Blackmore (guitares), Ronnie James Dio (chant), Tony Carey (claviers), Jimmy Bain (basse), Cozy Powell (batterie)

Les intérimaires ayant fait leur job, il a bien fallu à Richie Blackmore monter un vrai groupe pour partir en tournée et concurrencer ses ancien camarades de Deep Purple qui jouent toujours, avec Tommy Bolin au manche (et au micro, ça fait trois chanteurs... mais c’est une autre histoire). Dio reste, il faut croire qu’il a convaincu. Pour le reste, on engage des virtuoses, la crème, les champions. En 1976, Rainbow devient ce qu’on doit bien appeler aujourd’hui une sorte de super groupe. Outre les deux têtes d’affiches, Cozy Powell est la nouvelle attraction du show, un batteur qui a déjà beaucoup joué à l’époque, et qu’on ne présente vraiment plus de nos jours. Rien qu’à écouter son intro de batterie sur Stargazer, on SAIT, ce qu’il vaut. Il a un son aussi impressionnant que Bonham dans ses bons moments. Basse et claviers sont moins majeurs, okay, mais aussi bons. L’album s’ouvre d’ailleurs sur une ode à la magie du synthétiseur. Un jeu sonore qui prouve que les années 80 ont été une parfaite erreur, puisqu’un instrument capable de CA n’avait nullement besoin d’aller se couvrir de honte au milieu des nappes fadasses et des sons les plus kitch que la musique a pu produire depuis que le clavecin est passé de mode. Et ne me lancez pas sur le sujet des synthés produisant un son de clavecin, ces machines ne devraient pas être utilisées dans un autre but que l’invocation du diable !

Mais sans même parler sonorités uniques – j’ai oublié l’orchestre qui dynamise à merveille Stargazer malgré sa discrétion – on a beaucoup à dire sur Rising. J’ai remarqué au cour de mes lectures un fait étrange et que l’on pourrai nommer objectivité : jamais je n’ai vu un album aussi peu critiqué, et jamais je n’ai vu de critiques si violemment angélique parmi les avis favorables. Je jure devant Dio que même Led Zep IV ne me semble pas si apprécié ! Le centre de tous ces orgasmes musicaux auxquels je me joint : la seconde face de l’album, inégalable. Deux titres de huit minutes, la perfection de la formule épique abordée dans le premier album. Stargazer, l’histoire d’un sorcier escaladant une montagne pour gagner la sagesse en son sommet, mais n’y trouvant bien sur que la chute et la mort. Un riff en béton, Dio raconte son histoire, et puis ça part dans l’arc-en-ciel, au sommet de cette montagne, avec ce foutu putain de solo. Solo dont le génie sera repri dans le second morceau du genre, A Light In the Black, moins épique, plus virtuose. Dio y répète « I’m going home », il y a peut être un rapport à chercher avec Ten Years After et leur long hymne à la six corde électrique. Ces soli de Blackmore me semblent d’une telle évidence que chaque note suit la précédente comme si elle était la seule à pouvoir arriver à cette place. Ca joue vite, mais on entend tout. C’est dans ces quelques minutes que culmine toute son œuvre. Ca et Child in Time, vous pouvez oublier le reste, en concert comme en studio il a passé sa vie à essayer de jouer aussi follement tout en restant aussi mélodique.

J’ai oublié la première face. Elle n’était pas mal non plus. Dio parle surtout des femmes ici. Il y a du sexe (Do you close your arms), une groupie chiante (Starstuck) et un poil de fantaisie (Tarot Woman). Tout cela est du hard bien envoyé. Toujours la maîtrise pure du sujet par des mecs au sommet de leur art. Plus classique, mais pas moins réussi.

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ON STAGE (1976)

Le line-up reste fixe puisque ce live fut enregistré dans la foulée de la sortie de Rising. Si les monstres que sont Stargazer et A Light In The Black sont joués en concert depuis les premières dates du groupe, avant que l’album ne voit le jour, elles sont pourtant absentes ici. Pas de quoi s’affoler pourtant, les morceaux choisis sur ce double live font l’affaire. Essentielle qualité : rallonger chaque titre sans se perdre en route. C’est pour l’essentiel réussi, et les titres du premier album y gagnent indéniablement… en particulier l’anecdotique reprise de Still I’m Sad des Yardbirds qui devient ici un vrai classique appartenant à Rainbow et à nul autre. Autre reprise, Mistreated. Le blues de Blackmore chez Purple, auquel Dio donne sa voie. Ca semble redondant de dire qu’il y fait des merveilles, mais cette baisse de régime et le lent martèlement de la gratte ne font que mettre en valeur la force de son coffre. Chaque note qu’il fait durer combat jusqu’au bout du souffle le reste de l’orchestre. Pour finir, on s’extasiera sur l’hymne heavy Kill the King, rapide et sanguinaire, et dont la version studio encore à venir ne sera pas digne.

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LONG LIVE ROCK AND ROLL (1977)
Richie Blackmore (guitares), Ronnie James Dio (chant), David Stone (claviers), Bob Daisley (basse), Cozy Powell (batterie)

Le trio de tête est toujours présent, mais il faudra s’y habitué : avec Blackmore aux commandes, Rainbow est une formation à géométrie variable, et ceux qui ne conviennent pas ne durent pas. Long Live Rock And Roll perpétue la collaboration du guitariste avec son chanteur, devenu lui aussi superstar en l’espace de deux ans. Que ce soit pour l’approche sonore ou la composition, l’album marque pourtant un retour en arrière. Avec David Stone aux claviers surtout, on ne retrouve rien des sonorités uniques de Rising qui font place aux nappes et toiles cirées décriées plus haut : Rainbow Eyes, ballade guimauve qui pouvait déjà être lourde sans ses orchestration, ou l’orientalisant Gates of Babylon n’ont pas mérité ça. On retiendra tout de même Gates of Babylon, et Kill the King, toujours tubesque malgré le son un peu froid du disque. Le morceau titres est un classique également, et pour tout dire le disque est généralement apprécié. C’est pourtant d’un répétitif… ça reste d’un académisme frileux tout à fait regrettable. Le reste des compos n’est même pas mauvais, plutôt plaisant, mais ça n’est qu’un assemblage de riff sur lequel Dio fait son taf sans grande conviction. A croire que son départ est déjà acquis !

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DOWN TO EARTH (1979)
Richie Blackmore (guitares), Graham Bonnet (chant), Don Airey (claviers), Roger Glover (basse), Cozy Powell (batterie)

Il fallait que Rainbow évolue pour ne pas se noyer dans les bacs des disquaires, trop de jeunes loups sont là pour le bouffer après 1977, qu’ils soient punks ou metalleux. Quelle sera la réponse de Blackmore ? Un nouveau chanteur au timbre très 50’s. Graham Bonnet ne restera que le temps de ce Down to Earth, mais aura au moins le mérite d’y coller sa patte. C’est d’ailleurs peut être ce que l’homme en noire mais pas dans l’ombre n’a pas apprécié : ça a trop de personnalité, un mec à cheveux courts. Pour le reste du line-up, on voit débarquer le Deep Purple du passé et celui du future. De bons musiciens quoi. Don Airey ramène un peu d’orgue hammond dans la banque sonore, et ça lui fait du bien ! Que doit on retenir du disque ? Un son qui s’américanise. Sans rompre trop le suspens, on peu dire qu’on s’approche du FM. Adieu l’écriture épique, on revient au « un riff, une chanson », mais l’important ici est le terme chanson, bien plus poussé que dans l’album précédent. A apprendre par cœur : les deux grands tubes que sont All Night Long et Since You’ve Been Gone. C’est l’efficacité de toute la pop-music qui coule dans ces titres, avec ses histoires de gonzesses, des mélodies accroches cœurs, et ces instruments masturbés en vitesse. L’essnece de Down to Earth, c’est de rajeunir Rainbow. Blackmore est un homme du passé et sa musique avec Dio s’était séparée de l’essence de la musique (putain, c’était presque intello ces machins narratifs), il revient ici au cœur du sujet, la chanson, et le cul. Et plus, le reste de l’album n’est pas mal du tout.

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DIFFICULT TO CURE (1980)
Richie Blackmore (guitarse), Joe Lynn Turner (chant), Don Airey (claviers), Roger Glover (basse), Bob Rondinelli (batterie)

Putain, Cozy remplacé par un tacheront, ça fait mal au cœur. Encore une fois, le son se refroidit sous la direction de Roger Glover, mais c’est du tout bon. Le nouveau pied de micro s’appelle Joe Lynn Turner, paraîtrait qu’il aurait fait des études littéraires, mais ses textes n’en sont pas moins niaiseux (mais bons, le débit de Can’t Happen Here est particulièrement bien trouvé). En tout cas, lui sait rester à sa place : écrire, et pas sur une partition, et chanter. Du coup il va si bien s’entendre avec Richard qu’ils feront trois Rainbow ensemble, et un Deep Purple un peu plus tard ! Bon, le bonhomme n’est pas mauvais, et la soupe passe bien. Tube popesque en ouverture, Difficult to Cure s’annonce mélodique et accessible, grandes ondes quoi. Qu’en retiendra t on ? Spotlight Kid et son solo néo-classique parfait, qui prendra à l’amiable la place de show-opener de Kill the King. Le reste n’a pas la même classe, mais tout l’album est bon. C’est sur la formule hard FM un bon catalogue de chansons, lesquelles sont bien écrites : riffs, refrains. L’association Blackmore/Turner fonctionne indéniablement mieux que celle avec Bonnet. Pour l’anecdote, le morceau titre est une reprise instru de l’Hymne à la Joie de Beethoven, ça n’a aucun intérêt mais c’est sympa, et ça occupera un bon moments dans tous les concerts que Blackmore et Glover joueront dans les 13 années suivantes.

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STRAIGHT BETWEEN THE EYES (1982)
Richie Blackmore (guitares), Joe Lynn Turner (chant), David Rosenthal (claviers), Roger Glover (basse), Bob Rondinelli (batterie)

Je n’ai pas parlé des pochettes, pas même de celle – sublimissimesque – de Rising, mais là, avouez que ça en jette ? Quel kitsch, quelle réussite ! Admirez le cliché de la rage adolescente, Jim Steinman et Meat Loaf n’auraient pas trouvé mieux. Line-up presque stable, formulet toujours d’ordre FM et ricaine, et nouvelle réussite dans le style plaisant mais mineur. On gardera Death Alley Driver, le Spotlight Kid de l’album envoyé au même rythme avec le même type de solo, etc… Côté ballades on oubliera le piège à charts gluant qu’est Stone Cold pour lui préféré Tearin’ Out My Heart propulsée par un solo du feu de dieu. L’album dans son ensemble joue l’accroche vocale, ce sont les refrains qui entraînent alors que les riffs de Blackmore s’aridifient jusqu’à leur plus simple expression (Power), et dans ce genre je citerai la franche réussite de Bring On The Night (Dream Chaser). Vous vous en foutez des paroles mais vous voulez chanter à tue tête ? Je vous présente la compagne de vos gais réveils pour les prochaines semaines. Dans cet assemblage de morceaux fort classiques, le final donne une petite touche de nouveauté. Un poil d’orchestrations, un chouilla d’air d’orient, un peu de longueur. On ne s’y trompe pas, Dio n’est pas de retour, mais Blackmore prouve avec Eyes of Fire qu’il n’a pas perdu ses moyens. Voilà un morceau et un album tous deux trop décriés. Apres mes émois de jeunesse, j’ai moi même longtemps vu Straight Between the Eyes comme un Difficult to Cure 2 sans autre intérêt que le plaisir de l’écoute (c’est déjà bien me direz vous), mais je commence à penser que ce second essai est pourrait bien être supérieur au premier… je vous laisse seuls juges.

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BENT OUT OF SHAPE (1983)
Richie Blackmore (guitares), Joe Lynn Turner (chant), David Rosenthal (claviers), Roger Glover (basse), Chuck Burgi (batterie)

Troisieme volet d’une tétralogie américaine de Blackmore qui ne trouvera sa fin que dans le Slavers & Masters de Deep Purple, ce Bent Out of Shape marque pour moi une fin ratée pour Rainbow. Sachant avec notre recule d’historiens que le groupe premier de deux des musiciens présents ici va se reformer l’année suivante pour enregistrer un vrai classique (Perfect Stranger), on ne peu voir que d’un œil terni la troisième resucée FM que représente la présente galette. Un titre à retenir ? Putain j’ai du mal. Il y a seulement la sympathique Street of Dreams, pleintounette typique de Joe Lynn Turner et plutôt entraînante… Aujourd’hui qu’il est retombé dans la mêlasse avec sa Candice Night, il prétend que cette chanson est l’une de ses meilleures. Une des meilleures d’un de ses moins bons disques, certes, pour le reste, je crains que son avis ne soit minoritaire. Bent Out of Shape est loin d’être une merde, mais c’est un album typé 80’s avec infiniment moins de personnalité que ses deux prédécesseurs et donc une prise de ride bien plus impressionnante. Comparez les pochettes des trois disques avec Turner, je pense que la qualité du contenu égale toujours celle du contenant, ça en dit long sur ce machin déformé et verdâtre.

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FINAL VINYL (1986)
Line-up varié, essentiellement période Joe Lynn Turner.

Rainbow est enterré, mais la marche à fric tourne encore. D’ou ce double live compilant tout et n’importe quoi. Un poil de Dio sans le moindre intérêt, deux morceaux avec Graham Bonnet plus frustrants qu’autre chose (une face et un tube live… excellents donc on en veut plus !), et le reste avec Joe Lynn Turner, sur divers concerts. Comment apprécier la chose ? En la considérant comme un live de Rainbow periode Turner ! Blackmore en grande forme, des morceaux entrainants, l’urgence du concert. Le combo fonctionne fort bien et le résultat est à la hauteur, en s’envois les Spotlight Kid et autres Street of Dreams avec plaisir en regrettant juste de ne pas entendre de titres plus anciens interprétés par Turner. Pour couronner le tout, chaque disque a sa pépite : sur le premier une version de Difficult to Cure avec l’orchestre je ne sais quoi de Tokyo. Bonne version, mais surtout intro longue et fabuleuse de Blackmore, ou il triture ses cordes comme rarement, amenant Beethoven par un long périple dont le meilleur passage est arabisant. Pendant quelques secondes au milieu il serre à fond ses cordes dans les premieres cases, le son grave et vibrant – propre à faire grésiller les enceintes – qui en sort alors me colle toujours des frissons. Deuxième merveille, toujours au crédit de Blackmore : le solo de Tearin’ Out My Heart. Sans hésiter je le classe dans ses toutes meilleurs interprétations live. Il est long, il multiplie les styles, et il reste parfaitement écrit, coulant comme des larmes (haha). Un « dernier album » sous forme de simple produit donc, mais facile à apprécier et comblant le manque réel d’un live avec Joe Lynn Turner.

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STRANGER IN US ALL (1995)
Richie Blackmore (guitares), Doug White (chant), Paul Morris (claviers), Greg Smith (basse), John O. Reilly (batterie)

Après un long break purpulien et avant de créer les bardes Blackmore’s Night avec sa compagne, Richie s’offre un intermède de deux ans aux commandes de son vieux vaisseau hard. Rainbow renaît de ses cendres, sans aucun lien avec le passé : line-up tout neuf et qui fait l’affaire. Et je le dis tout net, c’est le plus grand festival de Blackmore que l’homme en noir ait jamais enregistré. Des riffs rapides, métalliques, des soli en pluies acides, de la virtuosité mise en avant par la discrétion du reste du groupe. Le vénérable guitariste se voit offrir le respect de ses fils. Tout n’est pas des plus abordable dans ce disque, mais l’ensemble est très bon, et l’auditeur en premier lieu séduit par la folie de Wolf to the Moon (non mais quel riff, et quel final, comme c’est bon de se faire tabasser en règles !) et Hall of the Mountain King (de Grieg, oui) devrait rapidement faire siens des titres plus lents ou classiques, comme Hunting Human où la voix vient donner le grain de sel que la guitare se retient d’envoyer pour plus de réussite… et puis ça fini toujours par décoller, on reste chez monsieur Blackmore, l’apothicaire du riff, le sorcier du solo, qui a toujours quelque chose dans son (ses) manche(s). Je ne vais pas commencer à donner des conseils, j’aime tout dans ce disque, de ce qu’il a de plus reconnu (Ariel, avec Candice qui fait des cœurs à chantonner en famille) à ce qu’il a de plus académique (Cold Hearted Woman) et je n’oserai en oublier aucun titre. C’est pour moi avec Straight Between the Eyes l’autre grand oublié de la discographie réduite de Rainbow. On a mis longtemps à arrêter de cracher sur Graham Bonnet, il va falloir maintenant se souvenir de ce disque récent qui compte parmi les réussites importantes de Richie Blackmore. Son meilleur album depuis Perfect Stranger, la verve classique y est, le grandiose épique également, le riff qui fait mouche n’est pas non plus oublié. C’est ce que j’appelle la maîtrise totale, et je le respecte.

Après ça, notre homme a fait une croix sur le hard, mais encore quelques bons trucs dans les ballades niaiseuses et l’acoustiques dansant. Il n’y a plus que ces concerts pour se rappeler que, parfois, cet homme a été l’un des plus grands détourneurs artistiques de la fée électricité.
Pour vraiment en finir, je vous propose un témoignage, une vue sur Rainbow, par l’un de ceux qui ont suivi le groupe à ces premieres heures, attentif à ce qu’allait faire le guitariste de Deep Purple dans son nouveau groupe. Voici donc une « interview » de Yu No-Wat réalisée le 16 avril 2007 autour d’un apéro.


« Il etait une fois un petit guitariste complexé qui se prenait pour Jean Sébastien Bach. Non pas qu’il n’ait aucune qualité musicale, mais parce qu’il s’appelait simplement Richie Blackmore et il faut bien avouer que face à Yohan Sepastien Pach, ça en impose moins. En même temps comme il n’etait pas allemande, c’est moins grave. Son second problème, c’est qu’il produit des sons avec un instrument qu’on appelle guitare et que ça en jette moins qu’un orgue massif avec ses tuyaux. Mais le petit Richie etait malin et pour compenser tous ces lourds handicaps qui n’existaient que dans sa tête – car il faut reconnaître que depuis au moins un bon lustre ses fans etaient au moins aussi nombreux que ceux du dit Bach – il imagina de remplir le vide laissé sur scene par l’absence de l’orgue monumental de faire construire un arc en ciel gigantesque. Il n’avait plus qu’à trouver le nom de son groupe, et, son imagination ayant tout de meme des limites il le baptisa Rainbow. Peut etre quelques années plus tard l’eut il appelé Rainbow Warrior. Mais à l’époque il ne connaissait pas encore Greenpeace, il ne connaissait que Greensleeves. Un soir, de passage à Paris, il trouva une grande salle vide et il se dit « tiens, pourquoi ne ferai je pas un concert ici ? » Si jamais je fais des fausses notes, le périphérique voisin couvrira leur bruit. Et hop, de Pantin il n’y avait que la porte, il faut bien reconnaître que les autres acteurs de cette soirée prodigieuse n’en etaient pas, des pantins. Ayant oublié de changer à Réaumur, je repris mes esprits je sorti tardivement du métro pour me trouver à proximité de ce lieu ou déjà la rumeur enflait. Accompagné de quelques milliers de joyeux drilles suivant le mouvement de la foule, je me retrouvi dans un bâtiment pourvu de gradins et de sièges dont on se demandait à quoi ils pouvaient bien servir. On se trouvait alors historiquement dans une période de transition. Quelques années auparavant, l’usage des sièges eut été fort simple. La plupart des participant à cette joyeuse fête les auraient arrachés et projetés joyeusement dans des directions variées. Quelques années plus tard, en revanche, le public – car c’est ainsi qu’il fini par être nommé – se serait bêtement assis sur ces sièges. Mais là on etait en 76, année de grande sécheresse s’il en fut, la canicule etait terminée, la pluie etait tombée, et comme chacun sait : après la pluie vient l’arc en ciel.

La on devrait commencer à parler de la musique, mais à quoi bon, comme disait l’autre charlot, quand la musique est bonne, bonne bonne… Infortune du sort, voilà t y pas que pour la première fois de ma vie je me trouvait dans les premiers rangs : l’angoisse, c’etait un concert de hard rock ! Et ben non. Le son etait moins fort que chez Jethro Tull ou Pink Floyd, et surtout meilleur. Le concert dura bien longtemps mais pas trop, reprenant l’essentiel des deux premiers albums du groupe en question. Richie etait cantonné à droite de la scene et il faisait face au claviériste Tony Carey qui assurait, trouvait des sons intéressants, mais sans plus. Au centre de la scene, un poil en arrière, trônait la troisième vedette de ce concert, un monstre que personne ne connaissait alors, et qui s’appelait Cozy Powell. Le bassiste, tout le monde l’a oublié. Surtout moi. Mais bon il a pas fait de bêtises pendant le concert. Ca fait déjà pas mal. Et me direz vous, il reste beaucoup de place au milieu de la scène, et devant. Est ce pour cela que le petit lutin à longue tignasse qui s’avéra rapidement être le chanteur etait obligé de bondir sans arrêt en tous sens ? Les deux live retranscrivent tout à fait bien l’ambiance et le jeu à l’époque. Blackmore faisait souvent semblant d’improviser, mais personne n’etait dupe, jusqu’à ce qu’il se mette à vraiment improviser, ce qui arrivait en moyenne une fois par morceau. Quelques bribes de complaisance dans les solo demeurant fort respectables et dont la structure parfois s’approchait de la musique répétitive qui en etait encore à ses débuts. Montées de manche, descentes de manche, tout ça.. non pas qu’il jouait comme un manche. Un soupçon de complaisance, deux doigts de facilité, mais pour le reste, virtuosité, et même du génie.

Dehors très loin et malgré la distance, on entendait nettement Jean Sébastien se retourner (dans sa tombe). Mais c’etait plus par jalousie que par colère. Finalement, les premiers albums de Rainbow ne ressemble à rien de connu puisque c’est effectivement un savant mélange dont les couleurs finales n’ont rien à voir avec les teintes initiales de Led Zep, Pink Floyd, Richard Cœur de Lion, et Haendel (oui bon parce que Bach ça va bien…). Il y a de bons rocks remuants, des blues inspirés, et surtout de longs morceaux épiques parmi lesquels je mentionnerai en premier chef Stargazer et A Light In The Black. Hey je l’ai même plus ce disque là d’ailleurs ? Putain faut que je le rachète, j’ai plus que le live ! J’ai UN disque de Rainbow moi ? Putain ça c’est ignoble. La honte ! Les boules !

Rainbow, c’est un groupe qui est beau. Rainbow, le groupe qu’il vous faut.
Trop tard ! »



Denier point, je vous balance mes notes pour chaque album, notes que j'ai évité de coller aux textes pour ne pas trop vous influencer dans votre lecture.

Studio :
Rainbow : 4/5
Rising : 5/5
Long Live Rock and Roll : 2/5
Down to Earth : 3/5
Difficult to Cure : 3/5
Straight Between the Eyes : 3/5
Bent Out of Shape : 2/5
Stranger In Us All : 4/5

Live :
On Stage : 5/5
Live In Germany : 4/5
Final Vinyl : 4/5

DVD:
Live in Munich (Rockpalast 77) : 5/5
Live Between the Eyes : 3/5
The Final Cut : 3/5
Rockpalast 95 (tv) : 4/5[/i]

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