Et si on causait de Kreator ? Hein ?

Avant de commencer, précisons une chose : je suis dingue de ce groupe. Un peu comme Axel avec Priest, Noise avec Maiden ou Canard avec Slayer.

Ils peuvent sortir à peu près n'importe quoi, je me jette dessus. Mais bon, rassurez-vous, je ne vais pas multiplier les superlatifs. Un peu de lucidité et de recul (dans la mesure du possible), mordel de berde.

La disco du groupe peut être séparée en 3 périodes :

1. Toujours plus loin (1985 - 1990)
2. Et maintenant, on fait quoi ? (1992 - 1999)
3. Le meilleur des 2 mondes (2001 - ...)


1. Toujours plus loin (1985 - 1990)


ENDLESS PAIN



3 jeunes allemands (Mille Petrozza, Jurgen "Ventor" Reil et Rob Fioretti)dingues de Venom et Slayer ont tapés dans l'oeil d'une maison de disques avec leur première démo et disposent de 10 jours de studio pour pondre leur album.
Vous savez ce que c'est, en général, les premiers albums : influences mal digérés, un peu bordélique, chant pas toujours juste... Et ben là c'est pareil.
D'une brutalité sans nom renforçée par des textes puérils où tout n'est que violence et la voix effrayante de Petrozza (qui évoque méchamment les cris d'orfraie du Black Metal), c'est un torrent de riffs bourrins et de solos criards. On est pas loin des 2 premiers albums de feu Death par moments. A noter que Ventor chante sur plusieurs titres. Sa voix est grave et rocailleuse.
Difficile d'en extraire un titre en particulier tant tout est taillé dans le même moule. Peut être Tormentor et Cry War qui inaugurent la formule des bare bones shouted choruses que le groupe réutilisera très souvent par la suite. Ou encore Dying Victims et son intro mélodique qui repose les échaugettes avant de repartir dans la boucherie-charcuterie à fond les ballons.
Bref, un album où de jeunes gars s'éclatent à jouer le plus vite et le plus brutalement possible.


PLEASURE TO KILL



Retour au charbon seulement un an plus tard, et les progrès sont notables. Sans dire que leur musique a gagné en finesse, on sent les p'tits gars désireux de faire parler la poudre sans bourriner constamment. Ecoutez donc l'intro Choir of the Dammnedqui flatte le lobe avec sa mélodie acoustique et sa nappe de claviers. C'est bô.
Le reste du temps, c'est dans la veine du skeud précédent : riffs haineux proches du Death, vocaux inhumains et batterie moissonneuse-batteuse.
On trouve quand même une poignée de passages mélodiques et un titre surprenant : The Pestilence, long de 7 minutes, à la structure étonnante et bourré de changements de rythme. Le groupe a clairement plus bossé sur ce titre que sur les autres. C'est LE titre à retenir, qui préfigure le "raffinement" de leur style.


TERRIBLE CERTAINTY



Là, ça y est : le groupe passe à la vitesse supérieure. Arrivée d'un second gratteux (Tritze, qui se fera virer à la fin de la tournée), riffs plus complexes, batterie un poil moins frénétique, et évolution du chant : Mille a enfin trouvé sa "voix", ce fameux jappement de clébard enragé qui le rendra célèbre.
Au final, cet apaisement relatif est une bonne chose. Les titres sont moins linéaires et beaucoup plus accrocheurs, le groupe n'hésitant pas à introduire de brusques changements de rythme. les textes sont aussi plus adultes, traitant de problèmes de société tels l'écologie et le fanatisme religieux. Dommage que les solos soient toujours aussi bordéliques. On retiendra Toxic Trace et son riff bien barré, ainsi que Behind the Mirror, qui était alors le titre le plus mélodique du groupe. Belle évolution.


EXTREME AGGRESSION



Kreator continue à mûrir. Pas de grandes différences avec l'album précédent, si ce n'est que Ventor ne chante plus du tout (c'est pas plus mal) et que les solos se font plus mélodiques, moins axés sur les vibratos triturés et les trilles agressives. La production est bien meilleure que sur les albums précédents (enregistré à L.A).
On remarque aussi un titre majoritement mid-tempo, nouveau pour le groupe. Mais rassurez-vous, ça reste du Thrash et ça tabasse sec.
Un joli brouillon pour le chef d'oeuvre qui va suivre.


COMA OF SOULS



Fin de la trilogie entamée avec le troisième album. Kreator va au bout de sa formule "Thrash brutal mais fin quand même". Les ingrédients sont les mêmes, mais mieux exploités.
Plus violent (le speedé World Beyond), plus accrocheur (People of the Lie, mid-tempo devenu une valeur sûre Live), plus mélodique (Terror Zone et son intro Maidenienne).
Encore une fois, les changements de rythme foisonnent, les solos sont encore plus mélodiques (merci au nouveau venu, Francis Blackfire) et certains titres surprennent par leur construction (Terror Zone, mid-tempo quasi-épique au refrain groovy qui accélère brutalement sur la fin).
Bref, que du bon. Le sommet de la première période des Teutons. Et eux-même en semblent conscients, vu qu'ils changeront de cap sur l'album suivant, comme s'ils savaient qu'ils ne pourraient pas faire mieux dans le genre.


La suite au prochain numéro.