"A l'endroit comme à l'envers, Painkiller tue", voici le slogan de la maison de disque CBS pour annoncer la sortie de Painkiller, en référence au pathétique procès intenté contre Judas Priest aux USA par des cathos intégristes. Judas Priest avait gagné le procès (encore heureux) et le groupe, lavé de tout soupçon, a vu sa popularité se relancer aux USA, en se voyant invité sur différents plateaux télé à propos de ce procès.

Le groupe entend bien attaquer la nouvelle décennie avec autant de bonheur que la précédente, dix ans plus tôt avec British Steel. Et comme d'habitude, quand Judas Priest entre dans une nouvelle décennie, il se doit de dépoussiérer un minimum sa musique afin de pouvoir rivaliser avec les groupes de son temps, cette fois-ci c'était le thrash metal qui avait atteint son apogée avec Megadeth, Slayer, Annihilator, Pantera... Ram It Down, l'album précédent, avait déjà bien préparé le terrain avec quelques titres agressifs et rapides (Ram It Down, Hard As Iron), mais ceux-ci étaient encore mélodiques ce qui n'est plus vraiment le cas dans Painkiller.

Judas Priest a tout simplement "thrashisé" son heavy metal et pour se faire, la recrue d'un nouveau batteur branché par la double pédale était indispensable. Scott Travis insuffle une nouvelle dynamique; son jeu est techniquement irréprochable et il n'hésite pas à y aller de bon coeur avec la double pédale. Exit aussi la production désormais dépassée de Tom Allom, c'est Chris Tsangdaries qui s'y colle et de ce côté-là, pas de souci, c'est du solide ! Ajoutons à cela quelques sonorités censées être terrifiantes et on obtient l'album le plus agressif de Judas Priest. Une mécanique (trop) bien huilée, à laquelle il manque un peu de vie.

Le titre d'ouverture, Painkiller, démarre sur les chapeaux de roue : intro démentielle à la double pédale, vocaux proprement inhumains... bien que ce morceau ait tout pour devenir un classique, je n'ai jamais réellement accroché à toute cette artillerie (très) lourde. Il faudra faire avec les parties de batterie très mécaniques de Scott Travis ; le mot finesse ne semble pas faire partie de son vocabulaire. Dave Holland, dont la contribution reste sous-estimée pour les dix années qu'il a passé avec Judas Priest, lui avait au moins prouvé qu'il savait varier son jeu, sur Point Of Entry surtout.

Painkiller est plus rapide donc, mais plus rapide ne veut pas dire meilleur, du moins chez moi, car ce n'est pas l'avis de milliers de fans qui vouent un culte pour ce disque. Il ne contient pas que des classiques, loin s'en faut. Une flopée de titres quelconques ne resteront pas dans les annales, entre le heavy agressif de Between The Hammer And The Anvil et son intro "evil" quelque peu caricaturale, ou des titres speeds sans grand intérêt (All Guns Blazing, Metal Meltdown), sans émotion ni mélodies.

Bref, les hymnes à reprendre en coeur pendant les concerts, à la Metal Gods ou Heading Out To The Highways, sont absents ici, à part peut-être le sublime refrain de l'atmosphérique (comparé au reste) A Touch Of Evil. Les mélodies reviennent au premier plan sur ce titre, et sur quelques autres également. C'est simple, moins les titres sont agressifs, meilleurs ils sont. Sur Hell Patrol et Leather Rebel, Judas Priest redevient ce qu'il a toujours été, implacable, heavy. Les excellents Leather Rebel et Night Crawler ont des tempos speeds et leurs mélodies redéfinissent carrément ce que sera le metal traditionnel dans les années 90. Painkiller représente une influence énorme sur le revival du heavy qui sera opéré par des groupes comme Angra et Hammerfall en Europe, après le règne sans partage du grunge et du metal bourrin.
Pour terminer, quoi de mieux que One Shot At Glory ? Précédé par la divine intro Battle Hymn, c'est le meilleur titre de l'album à mon sens ; Judas Priest renoue enfin avec de superbes harmonies de guitares et un refrain faisant office d'hymne.

Un peu paumé entre du heavy classique et une démarche moderne, Painkiller sonne le glas pour Judas Priest et on pouvait déjà sentir que toute la troupe irait droit dans le mur après... toujours plus de bourrinage, d'agressivité avec Jugulator, on pouvait la sentir venir cette évolution.

La suite, tout le monde la connaît : Pantera et Annihilator feront la première partie de Judas Priest, ce qui ne manquera pas d'influencer Rob Halford pour son nouveau projet, le moderne Fight. Il quittera définitivement le groupe après la tournée, sans même avoir été consulté pour donner son avis sur le choix des morceaux de la double compil Metal Works. Judas Priest mettra des années à s'en remettre, avant de recruter Tim Owens au chant, un parfait inconnu qui n'avait jusque là que chanter dans un groupe de reprises de... Judas Priest.

Note : 3/5 (je n'ai pas peur de vivre)

Titres préférés :
One Shot At Glory
Night Crawler
A Touch Of Evil

5/5

Tous les titres de Painkiller sont des tubes, callés sur le même moule, et c'est bien ça le problème d'ailleurs. A la longue ça devient chiant, malheureusement...

C'est marrant, on peut prendre un vil plaisir à prendre le contre-pied de la bien-pensance metallique, il n'empêche que cet album ne peut pas ne valoir que 3/5. C'est absurde. Je comprends l'avis de Chips, et une note de 4/5 me semble le plus proche de la réalité.
Je m'explique, sur cet album, il y a les titres "divins"

- metalmeltdown, painkiller, one shot at glory, nightcrawler, touch of evil

les titres seulement excellents :

- between the hammer and the anvil, leather rebel, hell patrol, all guns

Bon je le perçois comme ça, et après moults discussions avec d'autres metalleux, ça me semble l'avis dominant. On est pas obligé de le respecter, bien sûr.

Je l'attendais cette remarque

Je persiste et signe

+1 je signe aussi

Alors si je dit que cet album est lourdingue, qu'il est chiant à écouter jusqu'au bout et qu'il mérite un 2/5, je me fait lyncher?

pareil; ça bourrine; ça bourrine et ça devient vite pénible.

Pour les titres préférés, pareil que Fishbowlman : Night Crawler et A Touch Of Evil

On a aussi le droit de trouver master of puppets pourri*. De conchier sur les 5 premiers maiden. De penser que Led Zep n'a jamais rien sorti de bon. Que Megadeth ils savent pas jouer. Que Rainbow s'est couvert de ridicule pour son live on stage.

*d'ailleurs c'était mon cas, mais j'ai pigé le truc. Il faut aussi piger Painkiller.

3/5 pour moi aussi. C'est trop bourrin et linéaire dans l'ensemble, même si Painkiller est une tuerie, et Metal Meltdown une boucherie tubesque. Nightcrawler et Touch Of Evil sont des merveilles. Les autres morceaux n'ont pas laissé la moindre trace dans mon esprit.

J'ai mis 4/5. J'ai hésité à mettre 5. Mais pour moi, il n'est pas parfait. Painkiller n'est pour moi qu'un avant-goût de cette tuerie qu'est "War Of Words" qu'Halford a enregistré après son départ du Priest. Aussi bourrin par moment, mais sutout plus varié et mélodique, War Of Words est le disque ultime qu'aurait du enregistrer Judas..

4/5 aussi, peut etre tres heavy ce disque, mais y a du tube en pagaille,du style qui ne vous lache jamais apres 1 ecoute et ça c'est rare

Non, ça jamais.
Et pourquoi pas dire que Queen c'est ridicule?

Pour en revenir à Painkiller, je lui mettrai 3.5/5 ou 4/5 je lui préfère Sad Wings Of Destiny, plus varié je trouve.
Mais ça vous le savez déjà

Judas Priest a eu une carrière très variée, ça ne peut que pencher dans leur sens. Bourrin Painkiller ? Si ça l'était vraiment je n'aimerais pas, moi amateur de choses mélodiques et sucrées.
Queen a cessé d'être ridicule à la fin de l'aventure Smile.

J'ai mis 5 parce qu'il n'y avait pas 4.5.
Fishbowl met 3 mais ne cite que deux titres quelconques. Je ne comprends pas. Quand sur un disque, seuls deux titres sont quelconques, il est vraiment bon non ? (surtout de nos jours où la proportion est inversée je trouve).

Par contre je comprends Chips. C'est vrai que ce n'est pas varié. C'est un album "parfait"... du coup rien ne se détache vraiment. Mais putain... quel savoir faire. Je lui préfère Defenders (plus 80ies finalement) mais bon, je chipote.
Et comme Caza je trouve absurde de lui mettre 3/5. Difficile à expliquer.

Je pourrais dire la même chose, Painkiller est suffisament mélodique pour faire passer la violence des compos. Et puis franchement, le travail des guitares est dantesque. Cela dit, c'est pas mon album préféré du Priest, mais bon, 5/5 quand même, rare sont les albums d'une telle qualité.

Painkiller est un album radical qui a été conçu pour relancer le groupe et le faire adopter par les jeunes métalleux fans de thrash du début des années 90 (il fallait faire oublier la période Turbo qui avait refroidi une partie du public européen). En ce sens, c'est réussi, Priest n'ayant sur ce coup rien à envier à Pantera.
La période devenait extrême et le groupe avait bien anticipé cela.
Le reproche que je ferais à cet album, c'est d'être parfois trop linéaire.
Très bon disque quand même. Excellente production précise et agressive. Solos hystériques.
Je suis en train de me le réécouter.

Je lui préfère Defender of the Faith mais pour moi, il n'y a pas photo, c'est une putain de tuerie ce skeud.

Oui voilà on peut lui préférer d'autres albums, mais 3/5 c'est quand même sévère, et pour le côté violent, on est censé être sur un forum metal quand même, rassurez-moi ?