London – Playa del rock – USA (1989)
Los Angeles a été pendant longtemps la capitale du hard rock. Elle reste une ville importante musicalement parlant, mais elle a connu son apogée pendant les années glam / hard US, époque bénie de la fanfreluche déchirée, du rimel à la truelle et de la tignasse péroxydée. Durant les prémisses de cette époque de débauche, un groupe tentait de survivre dans la jungle des clubs et des plans au rabais. London a vu passer en son sein des gens aussi variés que Blackie Lawless, Nikki Sixx, Slash, Izzy Stradlin et d’autres membres de groupes US plus connus (Hurricane, Madam X, Shy, Keel, Cinderella,…)
Mais si London était une sorte de passage obligé pour toutes les futures stars du hard rock américain de l’époque, le groupe lui-même n’a jamais connu le succès malgré son étonnante ténacité (plus de dix ans d’existence !). J’imagine que l’instabilité du line-up y est pour beaucoup.
Finalement en 1989 London sort son chant du cygne puisqu’en 1989 tous les groupes affiliés à London (WASP, Mötley Crüe, Guns, etc.) connaissent un succès mondial écrasant, ne laissant aucune place au « petit nouveau ». Et puis adviendra le grunge qui de toutes façons balaiera toute idée de fun et de légèreté dans le rock… Je pensais que Playa del rock était le seul album du groupe, mais après une recherche sur le net, j’ai découvert deux disques antérieurs, absolument inconnus au bataillon.
Playa del rock n’est pas le énième album essentiel de derrière les fagots, complètement inconnu et absolument indispensable que je vous vendrai à grand renfort d’adjectifs improbables et de métaphores à l’arrachée. La seule vraie manière de vous inciter à écouter ce disque est de vous en expliquer la nature fondamentale :
Playa del rock est la synthèse parfaite de ce que peut faire le hard US dans les années 80. De quoi comprendre également la différence entre le hard US et le hard FM.
Sa grande diversité en fait une sorte de catalogue, sans pour autant sombrer dans le grand fourre-tout. « Ride you through the night » attaque l’album avec un riff furieusement heavy, assez rare dans le genre. Riff sur lequel Nadir D’Priest s’époumone à loisir, révélant un talent rare. Ce type avait véritablement une voix unique, mélange d’agressivité hurlée à la Dee Snider / Blackie Lawless et d’intensité mélodique. Il parvient même à « popiser » comme Vince Neil quand il est en forme. Encore un type dont on peut regretter la disparition tant sa voix était superbe (il doit vendre des assurances ou des téléviseurs maintenant… quel gâchis). Après cette remarquable mise en bouche, London visite son époque avec un hard US typique « Love games », « Russian winter » et « Heart beat (it’s allright) » (toutes deux très Mötley Crüe), « It’s so easy » (limite Pretty Maids quand ils font du US), « Miss you » (la mièvrerie du disque), petit passage rock’n’roll traditionnel avec « Money honey », « Love games » et son riff à la Dokken, « Hot child in the city » limite pop, « The wall (13-61) » plus heavy et « Been around before » une demi ballade très sixties et rafraîchissante.
L’ensemble est joliment produit, et les arrangements sont de bons goûts (claviers discrets, guitares folk…), deux points qui ont toujours été le point faible du Crüe (à part sur
Dr Feelgood bien entendu). Et puis, aucun « filler », et ça c’est appréciable. J’ai gardé un attachement particulier pour cet album (je l’avais acheté en vinyle à l’époque, puis racheté en CD dans un festival du disque… deux achats quand même) parce qu’il est la preuve que certains talents ne sont jamais reconnus. Que le succès tient à peu de choses (je trouve cet album meilleur que tous les G’n’R, Mötley Crüe, Cinderella, réunis (je classe WASP à part bien entendu). Un disque de losers magnifiques quoi, un ratage commercial en grande pompe pour un disque nickel, dix chansons aux petits oignons. Un truc d’artisan du rock. Et j’aime bien ça. Je ne saurais trop vous inciter à vous y pencher pour deux raisons essentielles : 1- c’est un bon album. 2- c’est un bon album.
PS : j’ai retrouvé une trace de Nadir D Priest sur le net. Il semble qu’il ait fait partie de Steel Prophet de 2003 à 2004. Il chante sur l’album
Beware (et là je suis sur le cul !)