Dio - Dream evil
J’avais déjà chroniqué ce disque su
r une des multiples versions de ce forum et je remets le couvert (il ne s’agit pas d’un c/c, je ne me souviens absolument pas de la précédente chro).
Dream Evil est l’album mal aimé de la première période, le plus faible soi-disant. Jamais trop compris pourquoi (
Sacred heart est le plus faible me semble-t-il). Pour moi c’est le dernier bon disque du chanteur : lla « deuxième période » n’existe pas, CDLM.
Première chose : le son. Une production qui ne vieillit pas, chaleureuse et profonde, comme la voix du maître d’ailleurs. Une écoute superficielle pourrait faire dire : « quel son de guitare ! » . Et ce serait une erreur.
Dream evil sonne épais, profond et puissant grâce à la basse. Jimmy Bain fait partie de cette école de bassiste qui donne corps à chaque chanson, lui donne des fondations solides, enfoncées profondément dans le beat de batterie. Et sur ce mur de pierres de taille, la guitare de Craig Goldie peut riffer à loisir, apporter le tranchant nécessaire.
On va encore me traiter de passéiste mais il s’agit bien là d’un travail d’artisan tombé complètement en désuétude. Quel bassiste a encore le loisir de construire quelque chose dans le heavy metal (ou le speed) actuel ? J’utilise le terme « heavy metal » car Dio est à cheval entre le hard rock des origines et le heavy metal. Assurément, aucune influence blues, ni rock’n’roll, on est donc bien dans le metal. Pourtant la manière de faire relève d’avantage de celle du hard rock : basse monumentale au centre, une seule guitare, etc. Une sorte de Rainbow en ferraille.
Je parlais de Craig Goldie… Arrêtons-nous sur le bonhomme. Décrié lui aussi, moins « petit prodige » que Vivian Campbell, il joue pourtant de bien belle manière. Là où Campbell n’est que pyrotechnie et précipitation, Goldie construit ses interventions, alternant passages chaotiques, vibrato déchaîné et mélodies sorties d’on ne sait-où. Côté riff c’est nerveux comme un chat sauvage (« Sunset Superman », « Ovelove »), où plombé comme un sabbat (« All the fools sailed away »…), toujours mélodique et prenant.
Prenant est d’ailleurs le mot que j’emploierai pour qualifier ces chansons. Les ambiances sont fortes, nocturnes et désenchantées. Et les titres mid-tempo jamais ennuyeux, une gageure (demandez à Hammerfall !). Car sans mélodie forte, sans « voix », le mid-tempo peut devenir le pire des boulets, le truc à se défenestrer.
Mais Dio domine. Dio est le roi de la montagne d’argent, et sa voix rappelle qu’en un temps, les excellents chanteurs étaient légion dans le hard rock. Dio chante avec les tripes (un truc également en voie de disparition), avec une seule consigne : feeling. « All the fools sailed away » par exemple. Tout autre groupe pondrait une ballade qui pue du cul, le truc qu’on zappe dès la première note. Pourtant dès la première phrase Dio hypnotise. Registre calme, arpèges, et une montée en puissance jusqu’au refrain sur un rythme pachydermique. Un refrain lumineux et nostalgique. Break, solo de clavier et de guitare. Le genre arc-en-ciel.
Puissance de l’évocation, le voyage est beau, la musique intemporelle. Peu d’overdubs, seule la cohésion et la force de chaque instrument assure la puissance et la grâce de l’ensemble. Tout cela respire.
Le rêve est maléfique mais dure encore.