C'est rare que je me lance dans la création de topics, mais là ce sujet a soulevé ma curiosité.
Etant donné qu'il y avait eu un mini-débat là-dessus dans le topic consacré au dernier Iced Earth, j'me suis dit que ça pouvait intéresser des gens et qu'il y avait moyen d'en parler un peu plus.
On va faire ça en 2 parties, théorie et pratique.

1/ Donc, déjà pour vous, c'est quoi la définition d'un concept-album ?
Est-ce que c'est un album qui raconte une histoire, cohérente si possible, du début à la fin ou est-ce qu'il suffit que tout soit centré sur un thème précis, sans forcément de lien entre les chansons elles-mêmes (niveau récit) ?
Est-ce qu'il doit forcément y avoir une sorte d'unité musicale entre les morceaux (avec des passages qu'on retrouve un peu ici et là), est-ce que c'est juste une question d'ambiance générale ou bien est-ce que musicalement, ça peut être aussi varié qu'on le veut tant que la réponse à la question précédente est respectée ?
Bref, donnez-nous votre vision des choses.

2/ Maintenant, parlons exemples, est-ce que vous pouvez nous citer quelques concept-albums réussis, en expliquant un peu le concept et en quoi il est bien respecté tout au long de l'album ?
Un petit top5 de vos concept-albums préférés ça serait pas mal.
(vous n'êtes pas obligés de rester dans le contexte du Hard/Metal, mais si possible c'est quand même mieux)

Et puis si vous avez d'autres trucs à rajouter, allez-y.
(je répondrai moi-même un peu plus tard)

Définition : une histoire racontée en chansons, avec éventuellement des interludes. L'histoire, la narration est ce qui différencie à mon sens les concept album des albums "thématiques" (comme le Horror show de Iced Earth, tous les albums de Slayer ou presque, d'innombrables albums de black, quasi tous les albums de Manowar, etc.)

D'un point de vue musical, je ne vois pas en quoi un concept album serait limitatif à une seule ambiance. Une histoire s'articule autour de plusieurs scènes, a priori différentes. Cela dit, si le "concept" c'est "Vendredi 13", forcément ça va être répétitif, tant au niveau des paroles que de la musique.

Savatage - Streets
L'histoire d'un musicien parti de rien, qui connait le succès et la déchéance (drogue, désaffection du public). Au travers de Dieu (et oui on est aux USA) il se "refait une santé". Très honnêtement le concept de l'album n'est pas très fort. Par contre, musicalement parlant, Savatage a créé des ambiances très variées pour aborder les différents états d'âme du personnage. Et ça passe du heavy très hargneux aux titres piano très poignants. Inutile de préciser que le roi du disque est Jon Oliva.

Queensrÿche - Operation mindcrime
Tout le monde connait l'album et son concept global : un jeune embrigadé par le Dr X, un tyran potentiel, télé-prédicateur qui manipule les foules et qui aservit ses sbires grâce à la drogue. Nikki finira par trouver la "salvation" grâce à une nonne, Sister Mary, elle même ancienne toxico si mes souvenirs sont bons. L'occasion pour le groupe de parler du système US, de l'argent et du pouvoir, des médias... Il y a des phrases assez fortes dans les chansons. L'idée de révolution qui plane sur l'album est celle des gens qui s'aperçoivent qu'ils sont manipulés par le "système". Mais la révolution en question est proposée par un type pire que tout.
Musicalement, Queensrÿche est au top, la prod assez froide convient à l'ambiance du disque et est énorme (vous n'entendez pas la basse ?)

WASP - Crimson idol
Un peu la même histoire que Streets. Un jeune garçon, enfant battu, écrasé par la figure paternelle prend son envol et devient une rock star. Evidemment, la drogue et le business le rattrapent. Et l'image du père continue de le hanter. C'est assez difficile à raconter. Les textes de Lawless sont un peu cryptés. Il avait dit à l'époque que l'idole cramoisie n'était pas celui que l'on croyait. A noter que la guitare au dos de la pochette est rouge par exemple... Bref, brouillage de pistes mais c'est assez intéressant à lire et juste assez incompréhensible pour que ça soit un peu mystico-mystérieux.
Musicalement c'est assez énorme, l'un des meilleurs WASP avec Headless children (dont la première face est aussi un peu "conceptuelle" et aborde les mêmes thémes). A noter la performance de Frankie Benali, digne hériter de Keith Moon (les Who étant une très grosse influence pour Lawless avec Uriah Heep).

Dans les bons albums à thèmes "limite concept" j'ajouterais deux albums de Gamma Ray : Sigh no more et No world order.
Le premier est imprégné du climat mondial qui régnait pendant la guerre du golfe (la première). Et l'ensemble du disque est pessimiste : en gros, tout fout le camp, il ne reste plus aux hommes qu'à se réfugier en eux même pour supporter le bordel. Musicalement c'est relativement varié, en terme de tempos notamment.
No world order est inspiré de la "secte" des Illuminatis, dont on dit qu'elle n'a jamais existé et qu'elle a été monté de toute pièce. Dans tous les cas, l'album aborde le problème du pouvoir d'un petit groupe sur le plus grand nombre. L'album est assez linéaire musicalement.

Et les deux plus ridicules : Soundchaser de Rage et Neon God de WASP. Je vous invite à lire les livrets pour vous en persuader.

Tiens j'avais jamais fait gaffe à ça. Du coup c'est également l'histoire de Purple Rain.

1. Comme je l'ai dit dans le sujet sur IE, pour moi, c'est clairement quelque chose de narratif... Une histoire, avec un déroulement logique.
Les albums "à thème", sans lien entre les morceaux, je vois pas ça comme du concept-album.
Par exemple, est-ce que le fait que tous les titres de Enemy of God (KREATOR) offrent un regard très sombre sur l'état actuel du monde, ou que Divine Intervention de SLAYER traite des tueurs en série fait de ces disques des albums concept ? Je pense pas.

Au niveau musical, oui, j'attends une certaine unité. Ca peut être juste une "couleur" générale, ou alors des plans récurrents.
C'est pas pour autant que ça peut pas être varié. Si on suit une histoire, il y a forcément des péripéties, des rebondissements, des changements de lieu, de personnages, d'"humeur". La musique doit s'en ressentir.


2. J'en vois 2.

MANTICORA - 8 Deadly Sins

Le narrateur est sur son lit de mort, abandonné de tous, et revoit toute sa vie, en se focalisant sur les évènements les plus marquants (chaque morceau est un des évènements en question).
La tonalité générale est très sombre (le bougre a pas eu une vie joyeuse), mais il y a quand même une relative variété, avec des titres speed hyper-violents et d'autres plus atmosphériques, en fonction de l'évènement relaté.
L'intro et la conclusion narratives aident bien à poser l'ambiance et à boucler la boucle.
L'idée générale, c'est que te comporter comme un enculé (le personnage était un nazi ("You were obsessed with the urge to destroy, Of maiming, mutilating, murder and rape" dans Playing God), ça finit par te revenir dans la gueule tôt ou tard ("Did I really sin? Should I suffer these bleedings within?" dans l'outro).


QUEENSRYCHE - Operation Mindcrime

Nikki, un jeune Punk toxico, est recruté comme homme de main par le Docteur X, leader d'un groupe rebelle qui veut renverser le gouvernement et prendre le pouvoir aux US.
Mais il se "réveille" le jour où on lui demande d'assassiner Mary, la fille qu'il aime, et il commence à porter un regard lucide sur l'organisation de X (j'ai sans doute oublié des trucs).
Tout ça permet une critique acerbe de la société ("the poor stay poor and the rich get rich and the cops get payed to look away as the one percent rules america" dans Spreading the Disease).
Sinon, il y a de tout : du rentre-dedans, de l'alambiqué, de la ballade,...
Rien à jeter.

Ca reste les seuls albums du genre qui m'ont vraiment scotchés (j'aurais pu citer un KING DIAMOND aussi, mais je trouve qu'il y a toujours quelques faiblesses sur ses albums).

Niveau concept-albums nazes, ceux d'IRON SAVIOR et METALIUM se posent là.

Tous les albums de RHAPSODY évidemment.

Rhapsody c est pas un groupe-concept plutot??

Oui, même si ont peux juger de la qualité du concept, Rhapsody propose l'exemple même du concept album, et poussé à son paroxysme.

+1 DS

Oui, et j'étais très sérieux en citant Rhapsody. On pourra penser ce que l'ont veut de la naïveté de l'histoire, reste que le travail autour de l'histoire est parfaitement accompli. Chaque interlude, chaque morceau, y est sont à leur place, même les narrations ne m'ont jamais tant dérangé que ça, elles sont pas si nombreuses en plus. Bref, RHAPSODY propose des concept-album toujours parfaitement maîtrisé et dont la qualité musicale est toujours au rendez-vous. La seule exception c'est Legendary tales car à la base ça ne devait pas être un concept, et ça se sent carrément.

Blind Guardian : Nightfall in Middle Earth
Le début du Silmarillion de Tolkien en musique. Culte. Bizarre que personne ne l'ai encore cité.

Sylvan - Posthumous silence
Un père parcourt le journal intime de sa fille disparue. Rock/metal progressif gorgé d'émotions. A connaitre.

Ayreon - Universal migrator (Vol I & II)
Le dernier être humain, vivant sur Mars, décide avant de mourir de revoir une dernière fois en rêve l'histoire de l'homme et de l'univers.

Ayreon - The human equation
Un homme sur un lit d'hopital après un étrange accident de voiture. Son meilleur ami et sa femme à son chevet, se sentant visiblement coupables. L'homme sortira-t-il de son coma ? En lui, ses sentiments vont se livrer un redoutable combat...

Dream Theater - Scenes from a Memory
Un homme assailli par des cauchemards depuis qu'il a emménagé dans une maison. L'étrange 'suicide' d'une jeune femme commis en ces lieux des décennies plus tôt, en 1929. Un hypnotiseur pour ramener les souvenirs et la vérité... Mon premier DT, un de mes préférés.

Evergrey - In search of Truth
Quand la paranoia vous saisie...

Queensryche - Operation Mindcrime
Tout a été dit.

Manticora - 8 deadly sins
Cf post d'Odin. L'intro et la conclusion assurent vraiment.

After Forever - Invisible Circles
Une enfant prise dans le déchirement de ses parents.

Elend - A world in their screams
descente aux enfers, apocalypse, puis retour. Marquant!

Shadow Gallery - Tyranny
Rhapsody - tous

J'avais pensé à le citer, celui-là. Mais je l'ai pas fait vu qu'il traite pas toute l'histoire, mais uniquement la troisième partie, si je me souviens bien (en même temps, traiter l'intégralité du Silmarilion en un album, ça me parait difficile).

Mais ça reste un putain d'album.

POS : one hour of the concrete lake

"One hour by the concrete lake" est un concept album qui traite de l'énergie nucléaire et de ses effets néfastes sur la nature. Ce concept album découle en fait des études suivies par Daniel gildenlow à l'université de GOTHENBURG.

Moi , je dirais que c'est entièrement un concept-album.
Le Silmarillion est un ensemble de récits et Nightfall in Middle Earth traite particulièrement du "Quenta Silmarillion"qui est la partie la plus importante du bouquin.

Si on veut être tout à fait précis, l'album couvre la partie du récit qui va du vol des Silmarils par Morgoth jusqu'à la fin de la 'bataille des larmes innombrables' (Nirnaeth Arnoediad), soit ~ 2/3 du "Quenta Silmarillion". Pour les connaisseurs, il manque ensuite les histoires de Turin, Tuor, la chute de Gondolin, le voyage d'Eärendil, la chute de Morgoth, ...

Autre concept album cultissime:
Pink Floyd - The Wall
L'enfance et la déchéance d'une rock-star des années 70, traumatisé par la mort de son père en 39-45, abruti par les drogues et pris dans la tourmente du 'star-system'. Le film est à voir absolument (la scène des fleurs, du procés, etc...)

Merci pour les précisions.


Je rajouterais :

JAG PANZER - Thane to the Throne

MacBeth, chef des armées de Duncan, le roi d'Ecosse, rencontre 3 sorcières qui lui annoncent qu'il va devenir Roi.
Duncan le nomme duc de Cawdor pour le récompenser de sa loyauté, de sa bravoure sur le champ de bataille, toussa.
Le McBeth, il doute. Il en parle à sa femme, et ils se disent "Hé, ce serait cool que Duncan soit tué, parce que comme ça, tu serais Roi".
Duncan se fait dézinguer, le trône est libre, McBeth est Roi.
Mais à partir de là, le McBeth, il est pas tranquille, et il commence à faire exécuter tout ce qui bouge après que les sorcières lui aient dit de se méfier de plus en plus de monde.
Et le peuple gronde : "Il fait chier, ce con-là, à faire tuer tout le monde. Merde à la fin."
La femme de McBeth tourne la carte à cause de la culpabilité et se suicide.
Et du coup, le McBeth se fait dézinguer par McDuff, qui a vu toute sa famille exécutée.
Malcolm, le fils de Duncan, prend le pouvoir.
La question, c'est de savoir si le Mcbeth, c'était une ordure authentique ou simplement un p'tit bonhomme faible de caractère.
Et musicalement, c'est énorme. Puissant, mélodique, riche en atmosphères et en arrangements.
Les textes sont bien branlés et l'histoire se suit sans problèmes. Les interludes sont très mélodiques, pas trop longs et reprennent souvent les mélodies des autres titres de l'album. Donc, il y a une cohérence.
Mais la vraie star de l'album, c'est Harry Conklin. C'est lui qui interprète tous les personnages, et il est impérial. Agressif, lyrique, nuancé, il est vraiment à fond dans ce qu'il chante.

A ceux qui l'auraient testé, je suggère l'écoute de A Tragedy in Steel, de REBELLION, qui traite du même thème.
C'est laborieux, plat et bourré de narrations interminables à la con.
Ca permet de comprendre la différence entre un album concept réussi et un album concept foireux.

Je l'avais chroniqué le Jag Panzer, excellent disque, un de leur meilleur. Le Rebellion je l'ai aussi écouté : nul à chier.

Un des gratteux de JAG PANZER expose sa vision d'un album concept réussi :


Maelstrom: Is there a certain process where you feel, "oh, I have to write this song, but I'm limited in how I can do it, because I have to stay within the context of the story"?

Mark Briody: Yeah, that's the way we did it. We imposed limitation on key signature, we imposed limitation on tempo; we put ourselves in a position like we were composing a soundtrack to Mac Beth. So we set a bunch of limits. If you impose and you can't write within your own structure, then it's gonna be a bad album.

Maelstrom: What to you is a great concept album?

Mark Briody: Pink Floyd The Wall. Blind Guardian's Nightfall in Middle Earth is a more recent, excellent concept album.

Maelstrom: What makes it work? Aside from what you already explained.

Mark Briody: There's sort of an atmosphere and a flow from song to song. And they don't work if you…I can't pick up Nightfall in Middle Earth and listen to one song in the middle; it demands that you listen to the whole thing through. It can hold your interest all the way through.

Quand est-ce que tu feras un commentaire à ma chro? On peut pas dire qu'elle a été gâté à ce niveau...


Bon pour le Nime, évidémment j'aime beaucoup les morceaux à quelques exceptions près, mais maintenant je ne peu plus écouter les interludes et les gueulantes d'Hansi me fatigue beaucoup. Le travail guitaristique est par contre énorme, dommage que la prod ne lui rend pas totalement justice.

Rage - Ghost
Parce qu'ici débute l'époque Smolski. L'âge d'or du groupe débute.

Blind Guardian - Nightfall in..
Émouvant, épique, transcendant.

Savatage - Wake of Magellan
Parce que c'est le dernier grand disque du groupe.

Gamma Ray - Land of the free
Parce qu'ils ont pompé le concept du dernier Iced Earth..

Avantasia I & The Seven Angles
Une belle claque a la gueule, à l'époque et toujours aujourd'hui

AcDc - Highway to Hell

C'est quoi le concept de Land of the free? J'ai jamais rien compris et à vrai dire j'ai jamais vraiment remarqué qu'il s'agissait d'un concept album.




Je le trouve vraiment faible celui-là, les deux tiers sont à jeté, d'ailleurs le concept ne donne vraiment l'impression de commencer qu'à partir des 2/3 de l'album. Le reste c'est des morceaux qui semble s'enchainer indépendament, et globalement c'est de sacrés étrons.

Wake of Magellan est un concept album du début à la fin.

Sinon à sa sortie j'était pas très enthousiasme avec ce disque, et j'ai commencé a l'apprécier que beaucoup plus tard, ~2002. Je sais pas, un matin je l'ai mit et putain je l'ai trouvé excellent. Et sinon si ta d'autres étrons dans ce genre la, hésite pas a me les recommander

Pour Land of the free, en fait j'me suis jamais trop attardé a l'histoire, mais semble-t-il que c'est un concept basé sur les jeux olympiques de 1956 à Melbourne, mais d'autres pourront s'en doute mieux t'éclairer..